Les rappeurs Jay-Z et Meek Mill ont lancé un mouvement pour réclamer une réforme du système judiciaire américain, dans lequel, selon eux, la prison occupe une place beaucoup trop importante et pénalise en particulier les noirs. Dans un message posté sur sa page Facebook, Jay-Z explique que l'initiative a été lancée en réaction au parcours judiciaire de Meek Mill.
Meek Mill condamné à deux ans de prison, puis libéré. Interpellé en 2007 puis condamné pour possession d'armes et de stupéfiants, Robert Williams, de son vrai nom, a effectué six mois de détention avant de bénéficier d'une remise en liberté anticipée, assortie d'un contrôle judiciaire. Il n'a plus commis de délit depuis mais ayant violé les termes de son contrôle judiciaire, pour avoir quitté le comté sans autorisation et subi plusieurs contrôles positifs aux stupéfiants, il a été de nouveau placé en détention en novembre 2017. La magistrate qui traite son dossier depuis le début de la procédure l'a ainsi condamné à une peine minimum de deux ans d'emprisonnement. Le rappeur a alors bénéficié d'un élan de sympathie et, après un recours, la Cour suprême de Pennsylvanie, a ordonné sa remise en liberté en avril 2018.
"Le contrôle judiciaire est un champ de mines"."Ce qui arrive à Meek Mill n'est qu'un exemple de la façon dont notre système pénal enferme et harcèle des centaines de milliers de noirs chaque jour", avait écrit Jay-Z dans une tribune publié en novembre 2017 dans le New York Times. "Au lieu d'être une seconde chance", affirmait-il, "le contrôle judiciaire est un champ de mines, dans lequel le moindre faux-pas peut avoir des conséquences plus graves que le délit en lui-même."
"Faire baisser radicalement le nombre de personnes placées sous contrôle judiciaire". Les deux hommes ont lancé mercredi le mouvement REFORM Alliance, qui a pour mission de "faire baisser radicalement le nombre des personnes qui sont placées injustement sous la supervision du système judiciaire, en commençant par le contrôle judiciaire et la mise à l'épreuve".
Des personnalités soutiennent le mouvement. "Nous allons user de nos ressources considérables pour changer les lois, la politique pénale, les cœurs et les esprits", indique le message publié mercredi. Le mouvement peut compter sur le soutien de plusieurs personnalités de poids, notamment le propriétaire de l'équipe de football américain des New England Patriots, Robert Kraft, ou le fondateur de la société d'investissement alternatif Third Point, Daniel Loeb. Selon une étude de l'Urban Institute, publiée en 2014, les noirs représentaient 37% de la population carcérale alors que leur poids dans la population américaine n'était que de 13%.