Quelques jours après le séisme dévastateur ayant coûté la vie à plus de 35.000 personnes entre Turquie et Syrie, les contentieux qui existent entre la Turquie et l'Arménie a été mis entre parenthèses. Pour la première fois depuis 30 ans, la frontière terrestre entre les deux États a été rouverte afin de faciliter l'aide humanitaire et l'envoi de secouristes sur les lieux du drame. Un élan de solidarité venu d'Erevan qui peut surprendre compte tenu des rapports entretenus avec Ankara depuis le tristement célèbre génocide arménien perpétré par l'Empire ottoman entre 1915 et 1923. Une relation également troublée par le conflit autour du Haut-Karabagh et le soutien affiché de la Turquie à l'Azerbaïdjan au détriment de l'Arménie.
"En réalité, ce sont des gens comme nous"
Pourtant à Adıyaman, près de la frontière entre les deux pays, où Europe 1 s'est rendue, l'équipe de sauveteurs est présente depuis mercredi dernier. "Si je me souviens bien, on a tiré neuf corps des décombres et on a permis de sauver trois survivants", témoigne l'un d'entre eux, prénommé Aram. Ce secouriste s'est porté volontaire pour aider les Turcs. "Les séismes, les catastrophes naturels n'ont pas de frontières. Dans ces moments-là, ça n'a pas d'importance", estime-t-il.
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Mustapha, un volontaire turc, est d'ailleurs touché par leur présence. "Sur la question politique, il y a de la désinformation. En réalité, ce sont des gens comme nous". Dans l'équipe arménienne, un sauveteur, qui requiert l'anonymat, salue la réouverture de la frontière entre les deux voisins. "C'est très symbolique, même si la réouverture a lieu dans de telles circonstances. Et nous sommes contents de pouvoir apporter de l'aide à un pays voisin", assure-t-il. La frontière turco-arménienne était restée fermée depuis 1993.