"La Chine le premier émetteur de gaz à effet de serre". Invité mardi matin sur Europe 1, François Hollande n'a pas vraiment tort. Pour vous donner un ordre d'idée de l'ampleur du phénomène, 70 % des nappes phréatiques chinoises sont gravement polluées, d’après des estimations scientifiques. Ce qui provoque dans de nombreux villages des maladies graves - des cancers notamment. Les médias officiels chinois estiment que 450 villes chinoises seraient concernées par ce fléau. Europe 1 s'est rendu à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Pékin, dans le village de Xiadian, où le taux de cancers chez les habitants est très élevé à cause de la pollution.
Une personne sur quatre touchée par un cancer. A Xiadian, tout le monde (ou presque) a quelqu’un dans sa famille qui est mort d’un cancer de l’estomac ou des poumons. Cela concerne une personne sur 4, des personnes âgées le plus souvent. La raison : les champs et les rivières sont pollués par les rejets industriels de l’usine de zinc, située juste à côté du village.
"Regardez, l’eau ne bouge presque pas tellement elle est polluée", explique Monsieur Wang, un paysan du village. "Et il y a cette odeur qui vous monte au nez. Le jour, il y a de l’eau claire qui sort mais la nuit, c’est de l’eau noire qui est déversée par l’usine. Et ça pollue nos terres, nos légumes", renchérit-il. "Trois de mes voisins sont morts ces derniers mois. Les gens ici sont très pauvres. Et quand ils découvrent qu’ils ont un cancer, ils sont déjà en phase terminale".
De la corruption pour étouffer l'affaire. Dans son petit cabinet du centre-ville, le médecin du village refuse de parler. Et pour cause, des policiers en uniforme guettent à l’extérieur. Le responsable de la ville a fait un recensement des personnes décédées mais ne veut pas donner les chiffres. Il y a quelques mois, le gouvernement a reconnu qu’il existait 450 "villages du cancer" en Chine. "Il y a trop de corruption ici", déplore un homme qui tient une petite épicerie dans ce village de Xiadian. "Les usines qui polluent à côté versent des pots-de-vin aux dirigeants du village. En échange, ces derniers ne disent rien. Pas un mot sur les cancers ici".
Les puits qui ont fait vivre le village pendant des années sont maintenant tous empoisonnés. Beaucoup d’habitants voudraient partir. Mais, faute de moyens, ils sont condamnés à rester ici.