L'Espagne solidaire avec l'Aquarius : "Il n'y a pas si longtemps, c'était nous les migrants"

L'arrivée du navire de migrants Aquarius à Valence est très largement saluée en Espagne. Le pays fait exception en Europe : l'accueil des réfugiés n'y fait pas polémique.
La France, restée silencieuse pendant plus de 24 heures, après le refus italien d'accueillir les naufragés de l'Aquarius, a-t-elle failli ? Mardi, Emmanuel Macron a préféré dénoncer l'irresponsabilité et le cynisme de Rome. En attendant, le navire a trouvé où jeter l'ancre. Les 629 migrants à bord de l'Aquarius vont finalement débarquer à Valence , en Espagne. La décision de Pedro Sanchez, le nouveau Premier ministre, est largement soutenue par les Espagnols qui se sont manifestés à plusieurs reprises ces dernières années en faveur de l'accueil des réfugiés. Le sort des occupants de ce bateau a ému tout le pays.
La solidarité s'organise. "Les Valencians sont en train de s'organiser. Il y a des gens qui se proposent pour faire du bénévolat. Les Espagnols donnent l'image d'un peuple accueillant. Nous ne sommes pas xénophobes, et c'est très bien", commente auprès d'Europe 1 Laura, une habitante de Valence. Près de 200 mairies, dont Madrid et Barcelone, ont proposé de prendre en charge une partie des migrants de l'Aquarius.
Valence se prépare à accueillir l'Aquarius : "Il n'y a pas si longtemps, c'était nous les migrants""On était comme eux". Dans la classe politique, rares sont les voix qui ont critiqué le choix du gouvernement socialiste. En Espagne, il n'y a pas d'extrême-droite, et les discours contre les réfugiés ne prennent pas, peut-être aussi par ce que les Espagnols se souviennent de leur passé, et notamment de l'exode des républicains alors que Franco prenait le pouvoir . "Ici, il n'y a pas si longtemps, c'était nous les migrants qui étions obligés de partir. Peut-être que l'on s'identifie plus facilement, on se dit que l'on était comme eux", analyse Juanro, un autre habitant.
Deux poids, deux mesures. À droite, certains s'inquiètent toutefois des appels d'air que pourrait provoquer cette décision, tandis que la gauche de la gauche rappelle que l'Espagne ne fait pas preuve de la même générosité à Ceuta et Melilla, les deux enclaves espagnoles au Maroc où, chaque jour, des migrants tentent de passer une imposante barrière de barbelés.