Un juge fédéral américain a ordonné jeudi le renvoi en prison de l'ancienne analyste militaire Chelsea Manning pour "entrave à la bonne marche de la justice", parce qu'elle refuse de répondre aux questions sur le fondateur de Wikileaks Julian Assange.
À l'origine d'une fuite colossale de documents militaires et diplomatiques, qui avaient été publiés par WikiLeaks en 2010 au grand dam des États-Unis, l'ancien soldat Bradley Manning a déjà passé sept ans derrière les barreaux. À cette occasion, l'ex-militaire avait entamé sa transition vers le sexe féminin et, depuis sa libération en mai 2017, Chelsea Manning est devenue une icône des personnes transgenres.
Incarcérée pour "entrave à la bonne marche de la justice"
Âgée désormais de 31 ans, elle avait renoué avec les ennuis en début d'année, après avoir été convoquée par un grand jury constitué pour enquêter sur Julian Assange. Dénonçant une procédure "opaque" et peu démocratique, elle avait refusé de répondre à ses questions et avait été incarcérée le 8 mars pour "entrave à la bonne marche de la justice".
Chelsea Manning a été libérée il y a une semaine pour une raison technique : le mandat du grand jury qui souhaitait l'entendre arrivait à son terme. Mais un nouveau grand jury vient d'être constitué pour poursuivre l'enquête. Son mandat pourrait durer jusqu'à un an et demi.
Sous la menace d'une amende quotidienne et une peine de prison
Jeudi, l'ancienne militaire a de nouveau refusé de participer à ses travaux. "Je ne renoncerai pas à mes principes, je préférerais littéralement mourir de faim que de changer d'avis", a-t-elle déclaré lors d'une audience devant un tribunal fédéral d'Alexandria, près de Washington. Le juge Anthony Trenga a rétorqué qu'il n'y avait rien de "déshonorant" à remplir son devoir citoyen et a décidé de l'écrouer à nouveau. Le magistrat a ajouté qu'elle serait passible d'une amende de 500 dollars par jour si elle refusait toujours de coopérer après 30 jours en détention, et de 1.000 dollars par jour après 60 jours de prison.