Un Américain atteint d'autisme et condamné pour la mort de sa fille en 2002, attribuée au syndrome du "bébé secoué" malgré de sérieux doutes apparus depuis sur ce diagnostic, a obtenu in extremis jeudi soir un sursis de la Cour suprême du Texas. Par ailleurs, en Alabama, Derrick Dearman, 36 ans, condamné pour avoir tué en 2016 cinq personnes à coups de hache et par balles, a été exécuté dans la soirée au pénitencier d'Atmore, ont annoncé les autorités de cet autre Etat du Sud.
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Un rebondissement de dernière minute
Au terme d'une soirée de suspense, la Cour suprême du Texas a fait droit à une demande de membres d'une commission parlementaire qui a convoqué Robert Roberson pour une audition le 21 octobre, dans une ultime tentative d'arracher un sursis à l'exécution de cet homme de 57 ans, qui était prévue jeudi soir. Une juge de première instance avait auparavant émis à la demande de ces parlementaires un ordre interdisant aux autorités du Texas d'exécuter Robert Roberson avant qu'il ne puisse témoigner devant cette commission. Mais une cour d'appel, saisie par le procureur de l'Etat, avait annulé cette décision.
"Bien que des tribunaux l'aient abandonné, ce n'est pas le cas de la Chambre des représentants du Texas", ont écrit dans un communiqué conjoint ces deux parlementaires, Joe Moody et Jeff Leach, saluant la décision de la Cour suprême. "Nous sommes impatients de l'accueillir au Capitole du Texas et de lui donner finalement, à lui et la vérité, une chance d'être entendu", ajoutent-ils.
Autisme diagnostiqué tardivement
La Cour suprême des Etats-Unis à majorité conservatrice avait auparavant rejeté la demande de sursis. Dans un avis joint à cette décision, l'une des trois juges progressistes, Sonia Sotomayor, affirmait qu'"un sursis permettant l'examen des éléments crédibles en faveur de l'innocence de Roberson est impératif" mais reconnaissait que la cour ne pouvait juridiquement le lui accorder. Elle recommandait donc que le gouverneur républicain de l'Etat, Greg Abbott, use de son pouvoir de reporter l'exécution de 30 jours.
Avec celle de Derrick Dearman, 20 exécutions ont été réalisées aux Etats-Unis depuis le début de l'année, toutes par injection létale à l'exception de deux en Alabama par inhalation d'azote, une méthode que l'ONU a comparée à une forme de "torture". Les défenseurs de Robert Roberson font valoir que le diagnostic du syndrome du bébé secoué, établi en 2002 à l'hôpital où il avait amené sa fille Nikki aux urgences dans un état critique, était erroné.
De plus, son autisme, finalement diagnostiqué officiellement en 2018 et interprété comme une indifférence à la situation, a pesé lourd dans sa condamnation, selon eux.
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"Chercher un coupable"
"Il n'y a pas eu de crime, seulement la mort tragique de causes naturelles d'une petite fille", ont souligné ses avocates dans leur recours devant la Cour suprême. Elles s'appuient notamment sur des analyses médicales récentes imputant la mort de Nikki à une grave pneumonie, non détectée à l'époque, aggravée par la prescription de médicaments inadaptés, comme en attestent dans une lettre 34 médecins.
L'ancien policier Brian Wharton, chargé du dossier à l'époque et qui défend depuis des années l'annulation de la condamnation, a de nouveau regretté mardi que l'enquête ait exclusivement suivi la piste du syndrome du bébé secoué. "Nous cherchions un coupable, nous lui avons collé cette étiquette et nous l'avons fait tenir sur une pseudo base scientifique", a-t-il reconnu.
Les partisans de Robert Roberson invoquent également une décision de la cour d'appel du Texas qui la semaine dernière, dans une affaire similaire, a annulé une condamnation de 2000 sur la base du syndrome du bébé secoué, considérant que l'analyse scientifique avait évolué depuis, et ordonné un nouveau procès.
"Le plus étonnant dans le cas de Robert", c'est qu'il n'y a "pas de crime", s'est indigné en septembre l'auteur de polars à succès John Grisham, ancien avocat et militant de la lutte contre les erreurs judiciaires. Mais la commission des grâces du Texas a rejeté mercredi à l'unanimité les demandes de commutation de sa peine et de sursis à son exécution de 180 jours.
La demande de clémence en faveur de Robert Roberson est soutenue par 86 élus de la Chambre des représentants du Texas, dont plus d'un tiers de républicains.