Les habitants du Brandebourg, qui entoure la capitale Berlin dans l'est du pays, ont commencé à voter dans cette région où 2,2 millions de personnes de plus de 16 ans sont inscrites sur les registres électoraux et où le SPD gouverne sans discontinuer depuis la réunification du pays en 1990.
Une défaite résonnerait du coup comme un nouveau tremblement de terre pour le mouvement du chancelier et le fragiliserait un peu plus à un an d'élections législatives. Les estimations sont attendues vers 18H00 locales (16H00 GMT). Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), pro-russe et opposé à l'aide militaire à l'Ukraine, est donné avec une légère avance (27 à 29%) dans les derniers sondages sur les sociaux-démocrates (26%).
"Il faut que les classes moyennes soient mieux prises en compte dans ce pays, que nous n'envoyions pas seulement de l'argent à l'étranger, mais qu'on pense davantage aux gens de ce pays", dit près d'un bureau de vote à l'AFP Caro Langer, employé administratif de 60 ans.
Terreau fertile
"Le plus important pour moi est que l'AfD ne soit pas trop forte, cela ne me laisse pas insensible de voir le niveau auquel évolue l'extrême droite dans le Brandebourg", estime de son côté Robin Westphal, un étudiant de 20 ans.
Bien qu'il ait sa circonscription de député à Potsdam, la capitale du Brandebourg où il réside également, le chancelier Scholz s'est très peu impliqué dans ce scrutin.Le très populaire chef du gouvernement du Brandebourg, le social-démocrate Dietmar Woidke, a tenté de se démarquer le plus possible du SPD, en chute libre dans les enquêtes de popularité au plan national.
Car le Brandebourg est un bastion du parti de centre gauche, contrairement à la Thuringe et la Saxe, deux autres Etats d'ex-Allemagne de l'Est où l'AfD a obtenu des scores historiques lors d'élections régionales, le 1er septembre.
En cas de défaite, le débat sur le meilleur candidat social-démocrate pour les prochaines législatives, en septembre 2025, "risque de s'accélérer", ajoute M. Höhne. Olaf Scholz est mis en cause et le nom de son ministre de la Défense, Boris Pistorius revient régulièrement pour le remplacer dans la course à la chancellerie.
Sa coalition tripartite associant aussi des écologistes et des Libéraux est tiraillée par des différends croissants. Le président des Libéraux du FDP, Christian Lindner, n'a pas exclu d'en sortir cette semaine si les trois partis ne parviennent pas cet automne à se mettre d’accord sur des priorités communes.
Dans l'opposition, les conservateurs, favoris des sondages au niveau fédéral, ont déjà leur candidat, ayant désigné cette semaine le chef de la CDU, Friedrich Merz. Surfant sur le mécontentement des habitants d'ex-RDA, terreau particulièrement fertile en raison d'inégalités persistantes depuis la réunification, l'AfD est elle portée par le retour au premier plan des débats sur la sécurité et l'immigration.
BSW, faiseur de roi
Une série d'attaques à motif islamiste présumé choque l'Allemagne depuis fin août, dont un triple meurtre au couteau commis à Solingen (ouest) lors d'une fête populaire et pour lequel un Syrien de 26 ans a été arrêté. Dans le Brandebourg, l'immigration est, selon un récent sondage, le premier sujet de préoccupation des électeurs.
"Naturellement il faut aider les gens, mais nous ne pouvons pas en accueillir trop ici", juge Edeltraud Wendland, 82 ans, à Potsdam. Le pays enregistre au total un nombre record de réfugiés, avec 3,5 millions de personnes, dont 1,2 million d'Ukrainiens.
Même si l'AfD sort victorieuse du scrutin dans le Brandebourg, il est très improbable qu'elle dirige un gouvernement, les autres partis refusant toute coalition avec elle, comme c'est le cas en Saxe et en Thuringe. Dans ce dernier Etat, l'AfD est désormais la première force politique au Parlement régional.