Liaison Lyon-Turin : l'Italie veut rediscuter du financement avec la France et l'UE

Un tunnel de 57,5 km a commencé à être creusé dans les Alpes italiennes et françaises.
Un tunnel de 57,5 km a commencé à être creusé dans les Alpes italiennes et françaises. © JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
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avec AFP , modifié à
Le gouvernement italien demande jeudi à Paris et Bruxelles de rediscuter de la pertinence du projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, qui divise la coalition au pouvoir. 

Le gouvernement populiste italien a indiqué jeudi vouloir rediscuter avec la France et l'UE de la pertinence du controversé projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin ainsi que d'une éventuelle "répartition différente de ses coûts économiques". Rome souligne que de récentes estimations, notamment "en matière de volume de trafic sur les rails", imposent de rediscuter avec les partenaires du projet "afin de vérifier s'il est toujours pertinent et, si tel est le cas, de la possibilité de répartir différemment ses coûts économiques", selon un communiqué de la présidence du Conseil.

Un projet qui divise les Italiens. "En l'absence d'accord final, de nouvelles rencontres seront nécessaires", ajoute le communiqué. Le Sénat italien a de son côté adopté jeudi une motion obligeant le gouvernement à rediscuter intégralement ce projet de liaison à grande vitesse (LGV), qui divise la majorité au pouvoir, formée par La Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème). La Ligue du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini est favorable à cette nouvelle infrastructure tandis que le M5S du ministre du Développement économique Luigi Di Maio la juge inutile et y est farouchement opposé. Le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, avait annoncé en début de semaine qu'il déciderait "d'ici à vendredi" de poursuivre ou non les travaux de la LGV. Mais après un sommet gouvernemental dans la nuit de mercredi à jeudi, qui n'a pas permis de trouver un compromis, il est possible que Giuseppe Conte cherche à nouveau à gagner du temps.

Turin à deux heures de Lyon. "Si nous prenons quelques semaines de plus en tant que gouvernement pour prendre une décision, je ne crois pas que ce soit véritablement un problème", a ainsi commenté jeudi le chef de file du M5S au Sénat, Stefano Patuanelli. Vieux de plusieurs décennies, le projet de LGV Lyon-Turin vise à réduire les transports de camions pour les transférer sur le rail et à diviser par deux le temps de trajet pour les passagers, en mettant Turin à deux heures de Lyon. Son élément central est un tunnel de 57,5 km qui a commencé à être creusé dans les Alpes italiennes et françaises et dont le coût est estimé à 8,6 milliards d'euros. Une analyse coûts-bénéfices commandée par le gouvernement italien a estimé que cette ligne présenterait "une rentabilité très négative", avec des coûts supérieurs de 7 milliards d'euros à ses bénéfices d'ici à 2059. Mais la composition de la commission d'experts et la méthodologie utilisée sont très contestées.

 

Giuseppe Conte a "de forts doutes". Le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin ne semble "pas un projet dont l'Italie a besoin", a déclaré plus tard jeudi le président du Conseil italien Giuseppe Conte, appelant à sa révision. "J'ai exprimé de forts doutes et ma perplexité sur l'opportunité de cet ouvrage. Je ne suis vraiment pas convaincu qu'il s'agisse d'un projet dont l'Italie a besoin", a déclaré Giuseppe Conte lors d'une conférence de presse, demandant à la France et à l'UE de le rediscuter pour évaluer les "doutes et la perplexité" du gouvernement italien.