Un convoi armé de l'homme fort de l'est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, a pris position jeudi à moins de 30 kilomètres de Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale (GNA) avant d'être chassé dans la nuit.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence vendredi à 21 heures (à Paris), à la demande du Royaume-Uni, pour discuter de la situation libyenne, ont indiqué des diplomates. Deux autorités se disputent depuis des années le pouvoir dans ce pays en proie au chaos depuis la chute de Kadhafi en 2011 : à l'ouest, le GNA dirigé par Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 par un accord parrainé par l'ONU et basé à Tripoli, et à l'est une autorité rivale contrôlée par l'Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée par le maréchal Khalifa Haftar.
L'ANL a reçu l'ordre d'"avancer" sur Tripoli
Jeudi soir, des forces de l'ANL se sont emparées d'un barrage de sécurité à 27 kilomètres à l'entrée ouest de la capitale libyenne Tripoli. Le commandant des opérations militaires de l'ANL dans la région ouest, le général Abdessalem al-Hassi, a confirmé que ses forces s'étaient emparées du barrage sans combat. Plus tôt, le maréchal Khalifa Haftar a ordonné à ses forces d'"avancer" en direction de Tripoli. Les forces de l'ANL sont "aux portes de la capitale", a affirmé en soirée le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l'ANL.
Du côté du GNA, le Premier ministre Fayez al-Sarraj a donné mercredi soir l'ordre à ses troupes de se tenir prêtes pour "faire face à toute menace". De puissants groupes armés de la ville de Misrata, loyaux au GNA, se sont dits jeudi "prêts (...) à stopper l'avancée maudite" des pro-Haftar, demandant à Fayez al-Sarraj de donner ses "ordres sans délai". Jeudi soir, la Force de protection de Tripoli, une coalition de milices tripolitaines pro-GNA, a annoncé de son côté sur sa page Facebook le lancement d'une opération anti-Haftar.
La communauté internationale appelle à faire baisser "immédiatement les tensions"
Dans un communiqué commun, Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont appelé jeudi "toutes les parties" libyennes à faire baisser "immédiatement les tensions". Cette montée des tensions a coïncidé jeudi avec le deuxième jour de la visite dans le pays du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
Au cours d'une conférence de presse à Tripoli, Antonio Guterres a adressé un "appel ferme" pour "l'arrêt de tous les mouvements militaires, (...) à la retenue, au calme et à la désescalade, à la fois militaire et politique". "Il n'existe pas de solution militaire en Libye. La solution doit être politique", a-t-il répété. Antonio Guterres, qui a rencontré Fayez al-Sarraj jeudi à Tripoli, devrait rencontrer vendredi le maréchal Haftar dans l'est.
Outre l'est libyen, le maréchal Haftar contrôle déjà des pans du sud du pays, vaste région désertique. En janvier, il y avait lancé une offensive pour "purger" cette zone "des groupes terroristes et criminels" et de groupes rebelles tchadiens. Sebha, chef-lieu du sud, ainsi qu'un des plus importants champs pétroliers du pays, à al-Charara, sont passés sous son contrôle.