L'Iran a averti samedi les Etats-Unis que la moindre attaque contre son territoire aurait des conséquences dévastatrices pour leurs intérêts dans la région, après que le président américain eut annulé à la dernière minute des frappes de représailles contre la République islamique.
"Tirer une balle en direction de l'Iran mettra le feu aux intérêts de l'Amérique et de ses alliés" dans la région, a déclaré le général de brigade Abolfazl Shekarchi, porte-parole de l'état-major conjoint des forces armées iraniennes dans un entretien à l'agence Tasnim. Le président américain Donald Trump a affirmé vendredi avoir annulé à la dernière minute des frappes contre l'Iran pour éviter un lourd bilan humain, tout en maintenant ses menaces de représailles contre Téhéran qui avait abattu la veille un drone américain.
Une attaque avortée de justesse
"Nous étions armés et prêts à riposter dans la nuit de jeudi à vendredi contre trois sites différents quand j'ai demandé combien de personnes allaient mourir", a-t-il raconté dans une série de tweets détaillés. "150 personnes, Monsieur, a été la réponse d'un général. 10 minutes avant la frappe, je l'ai stoppée, c'était disproportionné par rapport à une attaque contre un drone." En dépit des affirmations répétées des Etats-Unis et de l'Iran selon lesquelles ils ne cherchent pas la guerre, l'escalade et la multiplication des incidents dans le Golfe font craindre un embrasement.
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D'autant que des deux côtés, on multiplie les déclarations incendiaires. Le président Trump a ainsi réaffirmé qu'il ne souhaitait pas la guerre avec l'Iran mais que si elle éclatait elle provoquerait "un anéantissement comme on n'en a jamais vu avant". Le général Shekarchi a affirmé pour sa part que "si l'ennemi (...) fait l'erreur" d'attaquer, "l'Amérique, ses intérêts et ceux de ses alliés seront consumés par le feu" qu'il aura contribué à allumer. La destruction jeudi d'un drone de l'US Navy par l'Iran a provoqué un nouvel accès de fièvre.
Une montée des tensions depuis mai 2018
L'Iran affirme disposer de "preuves irréfutables" montrant que le drone américain abattu était entré dans son espace aérien et a écrit au secrétaire général et au Conseil de sécurité de l'ONU pour dénoncer une action américaine "provocatrice" et "très dangereuse". Washington dément catégoriquement, affirmant que l'aéronef a été touché dans l'espace aérien international. Les Etats-Unis ont demandé la tenue lundi d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU, selon des sources diplomatiques. Accusant Téhéran de "rejeter les ouvertures diplomatiques de Washington", l'envoyé spécial des Etats-Unis pour l'Iran, Brian Hook, a affirmé vendredi que l'Iran devait "répondre à la diplomatie par la diplomatie, pas par la force".
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Les tensions entre Washington et Téhéran ne cessent de monter depuis le retrait américain en mai 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l'Iran, privant ce pays des bénéfices économiques qu'il escomptait du pacte. Elles se sont intensifiées avec de récentes attaques contre des pétroliers dans la région du Golfe, imputées par Washington à Téhéran, qui dément toute implication. Et alors que les Etats-Unis renforcent leur dispositif militaire au Moyen-Orient, l'Iran a annoncé que ses réserves d'uranium enrichi dépasseraient à partir du 27 juin la limite prévue par l'accord.