Un attentat terroriste a de nouveau frappé le cœur de Londres samedi soir, faisant sept morts et 48 blessés. Vers 22 heures locales (23h00 heure française), trois assaillants à bord d'une camionnette ont foncé dans la foule sur le London Bridge avant d'attaquer des passants au couteau. Les trois hommes, qui portaient en outre de fausses ceintures explosives, ont été abattus par les forces de l'ordre.
Les principales informations à retenir :
- Trois assaillants à bord d'une camionnette ont foncé dans la foule samedi soir sur le London Bridge, avant d'attaquer des passants au couteau
- Un Français est mort dans l'attentat, a annoncé dimanche le ministre des Affaires étrangères. Un premier bilan faisait état de 7 morts et 48 blessés.
- Douze personnes ont été arrêtées dimanche dans l'est de Londres. Les opérations policières se poursuivent
- Le groupe État islamique a revendiqué l'attaque dimanche soir
#LES FAITS
Attentat au véhicule bélier et au couteau. Vers 22 heures (23 heures heure française) une camionnette a foncé à vitesse élevée sur des passants, renversant une demi-douzaine d'entre eux à la sortie du London Bridge, situé au cœur de la capitale londonienne. Les occupants du véhicule en sont ensuite sortis pour poignarder des passants près du London Bridge, mais aussi dans des bars et restaurants du marché couvert voisin de Borough Market. Un officier de la police des transports, qui se rendait sur les lieux, a été grièvement blessé, mais "ses jours ne sont pas en danger", a expliqué la police.
Les trois assaillants abattus. Le chef de l'antiterrorisme britannique, Mark Rowley, a indiqué devant la presse que les assaillants, dont la police pense qu'ils n'étaient que trois, ont été abattus dans les huit minutes suivant le premier appel de la police. "Des policiers armés ont réagi très rapidement et courageusement et ont fait face aux trois suspects qui ont été abattus dans le Borough Market", a-t-il déclaré devant la presse, précisant que les auteurs de l'attaque "portaient ce qui ressemblait à des vestes explosives mais qui se sont avérées être des faux".
"Je ne peux rien vous dire sur l'identité des trois assaillants abattus. Pour l'instant, la priorité est de les identifier et de comprendre leurs motivations", a indiqué Cressida Dick, patronne de la police londonienne, dimanche à la mi-journée.
Sept morts et 48 blessés. En plus des trois assaillants, l'attaque a fait sept morts et quarante-huit blessés, qui ont été hospitalisés dans cinq hôpitaux à travers Londres. Les services d'ambulance ont également soigné des blessés plus légers sur place. Dimanche, Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a fait savoir qu'un Canadien figurait parmi les sept personnes tuées samedi soir. Les services de santé ont annoncé dimanche que vingt et une personnes blessées lors de l'attaque se trouvaient dans un état "critique".
Un Français tué, un autre porté disparu. Dimanche soir, le ministre des Affaires étrangères a annoncé la mort d'un Français, tué dans l'attentat. Côté Français, Jean-Yves Le Drian a fait état "d'un mort et sept personnes hospitalisées, dont quatre dans un état grave". "On compte également un disparu et non repéré à ce moment", a ajouté depuis Tunis le ministre des Affaires étrangères qui se rendra lundi dans la capitale britannique. Emmanuel Macron, qui s'est entretenu à la mi-journée avec la Première ministre britannique Theresa May, a assuré les familles des blessés Français de "son affection" et de sa "solidarité".
Un numéro d'urgence a été mis en place "pour ceux qui auraient sérieusement des doutes et des inquiétudes". Il s'agit du 01 43 17 51 00. Christophe Castaner invite les Français à "utiliser tous les moyens de renseignement possible en appelant d'abord les téléphones portables des proches dont on pense qu'ils pourraient se trouver à Londres", afin de ne pas saturer la ligne. Comme le veut la procédure, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris, en raison de la présence de Français parmi les victimes.
Revendication de Daech. La police, qui parlait dans un premier temps d'un "incident de sécurité majeur", l'a requalifié en "attaque terroriste" environ trois heures après les faits. Ce scénario rappelle celui de l'attentat du 22 mars dernier, une attaque à la voiture bélier sur le pont de Westminster, non loin du London Bridge. L'assaillant avait ensuite mortellement poignardé un policier. "Après avoir échangé avec la police et les services de sécurité, je peux confirmer que l'événement terrible survenu à Londres est considéré comme un possible acte terroriste", avait déclaré quelques minutes plus tôt la Première ministre Theresa May.
Le groupe État islamique a revendiqué l'attentat dimanche soir, via un communiqué de son agence de propagande Amaq. "Un détachement de combattants de l'État islamique a exécuté l'attaque d'hier à Londres", peut-on lire dans ce communiqué.
Un troisième incident sans lien avec les attaques. Un troisième incident avait été signalé dans la soirée dans le quartier de Vauxhall, dans le sud de Londres, mais la police a rapidement indiqué qu'il n'était pas lié aux précédents ni au terrorisme.
#L'ENQUÊTE
Douze personnes arrêtées. La police londonienne a indiqué avoir arrêté douze personnes dimanche matin, dans l'est de Londres. "Des perquisitions sont en cours", a précisé Scotland Yard dans un communiqué publié dimanche à la mi-journée.
12 arrests in connection with last night's attacks in #LondonBridge & #BoroughMarkethttps://t.co/JCGAWuNpO9pic.twitter.com/T1SLWAkKF4
— Metropolitan Police (@metpoliceuk) 4 juin 2017
D'après Sky News, les force de l'ordre se sont rendus au domicile d'un des trois assaillants abattus lors de l'attentat. Un journaliste de l'AFP affirme avoir vu quatre femmes, couvrant leur visage d'un foulard, être emmenées par la police.
Un passant blessé par les balles des policiers. Au total, une cinquantaine de balles ont été tirées par huit policiers pour neutraliser les huit assaillants, a déclaré dimanche Scotland Yard. Mark Rowley, chef de l'unité antiterroriste, a toutefois précisé qu'un passant avait été blessé par les balles des policiers sans que ses blessures n'engagent son pronostic vital. Il a également ajouté que la camionnette qui avait servi à faucher les piétons sur le London Bridge avait été récemment louée par l'un des trois assaillants. Le chef de l'antiterrorisme a confirmé que des opérations policières étaient en cours dans l'est de Londres et que les enquêteurs s'attachaient à vérifier si d'autres personnes que les trois assaillants étaient impliquées dans la préparation de l'attentat.
#LES TÉMOIGNAGES
"C'était le diable, des types maléfiques". Des Londoniens se sont précipités pour aider les victimes et tenter d'empêcher des assaillants qui "poignardaient au hasard" lors de l'attaque survenue sur le London Bridge. Gerard Vowls, 47 ans, attablé dans le pub d'un quartier de Borough Market, regardait la finale de la Ligue des champions. Il raconte avoir vu les assaillants poignarder une femme à une quinzaine de reprises. "Elle criait 'aidez-moi, aidez-moi' et je ne pouvais rien faire. Je veux savoir si elle est encore en vie", a-t-il raconté au Guardian alors qu'il errait dans la nuit, en larmes et inconsolable. Pour tenter d'intervenir, il a expliqué avoir jeté tout ce qui lui passait sous la main sur les agresseurs: chaises, verres, bouteilles..."Ils n'arrêtaient pas d'essayer de venir me poignarder...ils poignardaient tout le monde. C'était le diable, des types maléfiques".
"Les gens essayaient d'échapper à la course du véhicule". Un témoin travaillant pour la BBC, Holly Jones, a indiqué qu'elle avait vu une camionnette blanche se déporter sur le trottoir et heurter plusieurs personnes. La camionnette, qui roulait à environ 80 kilomètres/heure, a quitté la chaussée pour foncer sur le trottoir contre des passants, selon ce témoin. "J'ai vu une camionnette rouler en zigzag en tentant de faucher un maximum de personnes. Les gens essayaient d'échapper à la course du véhicule. J'ai ensuite essayé d'aider les blessés, des jeunes essentiellement", a raconté un autre témoin, Alessandro, à la BBC. "J'ai vu une camionnette heurter la rambarde de London Bridge, puis un homme sortir avec un couteau pour se diriger vers un bar", a encore déclaré Dee, une habitante de Londres de 26 ans, à l'AFP.
"J'ai entendu des tirs, des cris, des gens pleurer". "Un homme avec un couteau est entré en courant dans mon restaurant", a témoigné Alex, serveur dans un restaurant de Borough Market, au micro d'Europe 1. "Il s'est mis à crier, et avec son couteau, il a balancé par terre tout ce qu'il y avait sur les tables... Alors j'ai couru à l'arrière, j'ai sauté derrière un mur pour aller me cacher dans une grande poubelle", raconte-t-il. "Les rues étaient bloquées donc je n'ai pas bougé. Et là, j'ai entendu des tirs, des cris, des gens pleurer, mais je n'ai rien vu d'autre".
"J'ai été poignardé cinq fois". "On regardait la télé avec les fenêtres ouvertes et on a entendu un grand bruit et des cris", a encore raconté Claudia, interrogée par la BBC. "On s’est penchés à la fenêtre et on a vu des gens s’enfuir en courant et en criant : 'on nous poignarde'. Les tables étaient par terre, certains hommes ont même pris des chaises pour se protéger. Un urgentiste est arrivé et un homme de 50 ans est sorti du bar couvert de sang. Il a dit : 'j’ai été poignardé cinq fois, aidez-moi !'."
#LES RÉACTIONS
La France "aux côtés du Royaume-Uni". Après avoir assuré sur Twitter que la France était "plus que jamais aux côtés du Royaume-Uni", le président français Emmanuel Macron a souligné auprès de la Première ministre britannique "l'importance de la coopération européenne", lors d'un entretien téléphonique dimanche, à la mi-journée. Theresa May s'est engagée à "donner toutes les informations sur les victimes (françaises) et à assurer la sécurité" des Français vivant à Londres. Dimanche, dans l'après-midi, le président français s'est entretenu avec les familles des Français blessés dans l'attentat, les assurant de "son soutien" et "sa solidarité".
Face à cette nouvelle tragédie, la France est plus que jamais aux côtés du Royaume-Uni. Mes pensées vont aux victimes et à leurs proches.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 4 juin 2017
Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a pour sa part assuré les Londoniens de la "totale solidarité de la France".
Alors que le Royaume-Uni est à nouveau plongé dans l’horreur cette nuit, je veux dire aux Londoniens notre totale solidarité. #LondonBridge
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 4 juin 2017
Édouard Philippe rend hommage au Français tué. Le Premier ministre Édouard Philippe a rendu hommage dimanche soir au Français tué dans l'attentat. "L'assassinat de notre jeune compatriote à Londres est un drame pour nous", écrit le chef du gouvernement qui adresse ses pensées à ses proches. Lundi, Jean-Yves Le Drian, actuellement en déplacement en Tunisie, se rendra à Londres.
L'assassinat de notre jeune compatriote à Londres est un drame pour nous tous. Pensées sincères à sa famille et à ses proches.
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 4 juin 2017
Le maire de Londres condamne des "actes barbares". Le maire de Londres Sadiq Khan a condamné "dans les termes les plus forts possibles" le nouvel attentat qui a frappé samedi soir la capitale britannique, y voyant "une attaque délibérée et lâche contre des Londoniens innocents et des visiteurs de notre ville qui profitaient d'un samedi soir. Il n'existe aucune justification possible pour de tels actes barbares", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Trump s'en prend au maire de Londres. Le président américain Donald Trump s'en est pris dès dimanche au maire de Londres, l'accusant de ne pas prendre au sérieux la menace terroriste. Le chef de la Maison-Blanche avait pourtant condamné la veille "dans les termes les plus forts possibles" l'attentat londonien, qui a replongé le Royaume-Uni dans la tourmente une semaine seulement après celui de Manchester. "Nous devons cesser d'être politiquement corrects et nous mettre au travail sur la sécurité pour les nôtres. Si nous se sommes pas malins, cela ne fera qu'empirer", a ajouté dimanche Donald Trump sur le réseau social.
We must stop being politically correct and get down to the business of security for our people. If we don't get smart it will only get worse
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 4 juin 2017
Sadiq Khan, le maire de Londres, a de son côté fait savoir qu'il avait "mieux à faire" que de répondre au président américain et son tweet "mal informé".
Merkel exprime sa "compassion". "Nous sommes aujourd'hui liés au-delà de toutes les frontières par l'effroi et le deuil mais aussi par la détermination", a de son côté déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, dimanche. "En ce moment, je pense avec solidarité et compassion à nos amis britanniques et à tous les gens à Londres."
Trudeau annonce la mort d'un Canadien. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a fait savoir qu'un Canadien figurait parmi les sept personnes tuées samedi soir. "Le Canada condamne fermement l'attaque insensée qui s'est produite la nuit dernière à Londres, et qui a tué et blessé tant de personnes innocentes. C'est avec un immense chagrin que j'ai appris qu'un Canadien figure parmi les tués", a-t-il dit.
Le Canada condamne fortement l’attentat insensé qui a été perpétré hier soir à Londres, au Royaume-Uni : https://t.co/442H3RineW
— PMcanadien (@PMcanadien) 4 juin 2017
Le pape invite les fidèles à "prier". Dimanche, le pape François a profité de son apparition au balcon de la Basilique Saint-Pierre à Rome pour inviter les fidèles à "prier pour les victimes et leurs proches".
#LE CONTEXTE
Deux semaines après l'attentat de Manchester. Cet attentat est le troisième en moins de trois mois. Le 22 mars, également à Londres, un homme avait foncé sur la foule sur le pont de Westminster, tuant quatre personnes avant de poignarder un policier. Deux mois plus tard jour pour jour, le 22 mai, un attentat a fait 22 morts à Manchester, lorsqu'un Britannique d'origine libyenne s'est fait exploser à la sortie d'un concert d'Ariana Grande. Un concert en hommage aux victimes est d'ailleurs prévu dimanche. La Première ministre Theresa May avait élevé à son maximum le niveau d'alerte terroriste après cet attentat, avant de le ramener au niveau "critique", soit celui d'un attentat hautement probable, samedi dernier.
Dimanche midi, Theresa May a estimé que les "attaques récentes" qui ont frappé le Royaume-Uni n'étaient "pas connectées" entre elles, mais que le pays devait faire face à "une nouvelle forme de menace", car le terrorisme engendre le terrorisme. Elle a par ailleurs indiqué que cinq projets d'attentat avaient été déjoués sur le sol britannique depuis celle de Westminster.
À quelques jours des élections législatives... Cette attaque terroriste intervient également à cinq jours d'élections générales au Royaume-Uni, prévues jeudi, qui mettent aux prises Theresa May et le chef du parti travailliste, Jeremy Corbyn. Samedi soir, la police a annoncé un renforcement de ses effectifs dans Londres dans les jours à venir. Le parti conservateur a par ailleurs indiqué qu'il suspendait sa campagne, au moins pour la journée de dimanche. Mais la Première ministre a affirmé que les élections se tiendraient bien jeudi. Dimanche, Jeremy Corbyn a estimé que, dans un tel contexte, les autorités britanniques allaient prochainement mener des "discussions difficiles" avec l'Arabie saoudite et d'autres États du Golfe sur le financement de l'extrémisme islamiste.
... Et quelques heures des législatives anticipées. Ce week-end est aussi celui du vote anticipé aux élections législatives pour les Français de l'étranger, dont les Londoniens. Un vote représentant "la meilleure manière de réagir à ces attaques contre la démocratie" pour Jean-Yves Le Drian, qui a assuré que "toutes les mesures d'assurance et de sécurité ont été prises pour qu'au lycée Charles de Gaulle à Londres, les procédures électorales puissent se dérouler dans les meilleures conditions", sur Europe 1.