Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé mercredi la Birmanie à accélérer ses efforts pour un retour "volontaire et en sécurité" des réfugiés rohingyas, l'incitant "à poursuivre les auteurs de violences" sans réclamer d'enquête sur les violations des droits de l'homme.
Un appel à "poursuivre les auteurs de violences". "Les membres du Conseil de sécurité, conscients de l'importance de mener des enquêtes transparentes sur les allégations de violations des droits de l'homme, exhortent le gouvernement de Birmanie à respecter, conformément à l'État de droit, son engagement à poursuivre les auteurs de violences", y compris contre des enfants, indique un communiqué.
Ce langage a fait l'objet de difficiles tractations avec la Chine, proche soutien de la Birmanie. À l'origine, le texte rédigé par le Royaume-Uni avec le soutien des États-Unis et de la France voulait que le Conseil exige une "enquête crédible et transparente" sur les violations des droits de l'homme.
Une saisie de la CPI réclamée à l'ONU. Mardi, quatre ONG, Human Rights Watch (HRW), Amnesty International, Fortify Rights et The Global Center for Responsibility to Protect, avaient réclamé à l'ONU de saisir la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité commis en Birmanie. "Il est évident que les autorités birmanes ne peuvent se juger elles-même", avait alors relevé Param-Preet Singh de HRW.
Le communiqué du Conseil s'attache aussi à réclamer aux autorités birmanes "de redoubler d'efforts pour créer les conditions d'un retour en sécurité, volontaire et digne des réfugiés rohingyas et des personnes déplacées" dans l'État Rakhine (ouest). Le texte leur demande aussi "de s'attaquer aux causes profondes de la crise", notamment en matière de citoyenneté et de développement économique.
Un accès à l'État de Rakhine une nouvelle fois demandé. "Les membres du Conseil de sécurité ont été frappés par l'ampleur de la crise humanitaire et restent gravement préoccupés par la situation actuelle", souligne aussi leur communiqué. Ils réclament aux autorités birmanes d'accorder "aux organismes des Nations unies et à leurs partenaires un accès immédiat, en sécurité et sans entrave à l'État Rakhine, ainsi qu'à d'autres organisations non gouvernementales nationales et internationales fournissant une assistance humanitaire".
Pas de résolution de l'ONU. Depuis le début de la crise, le Conseil de sécurité de l'ONU n'a jamais adopté de résolution, se bornant à réclamer à la Birmanie, comme en novembre dans une précédente déclaration, l'arrêt de ses opérations militaires, un accès humanitaire sans restriction et le retour des réfugiés rohingyas. La Birmanie a rejeté les accusations de nettoyage ethnique, affirmant n'avoir cherché qu'à neutraliser des extrémistes rohingyas. Depuis août 2017, quelque 700.000 musulmans rohingyas, cibles d'opérations de l'armée birmane, ont fui au Bangladesh, pays dont la gestion de la crise est saluée par le Conseil, qui a effectué une visite dans la région début mai.