L'ouragan Hélène, classé comme "extrêmement dangereux", a touché terre jeudi soir dans l'Etat américain de la Floride avec des rafales d'une rare violence mais aussi des quantités d'eau colossales capables de provoquer des inondations "catastrophiques". "Sur la base des données radar Doppler du NWS (le service météorologique national, ndlr), l'œil (de l'ouragan) Hélène a touché terre" dans la région du Big Bend, dans le nord-ouest de la Floride, vers 23H10 (03H10 GMT), a annoncé le Centre américain des ouragans (NHC).
L'ouragan a précisément touché terre "juste à l'est de l'embouchure du fleuve Aucilla" située à quelque 40 km au sud-est de la capitale de l'Etat, Tallahassee, qui compte environ 200.000 habitants. Avec des vents soufflant désormais à 225 km/h, l'ouragan est de catégorie 4 sur une échelle de 5, a indiqué l'organisme.
Hélène déverse déjà d'intenses pluies et le risque de submersion marine inquiète particulièrement les autorités. La montée des eaux pourrait atteindre six mètres par endroits sur les côtes, soit la hauteur d'un immeuble de deux étages. Il s'agit d'un "scénario auquel il est impossible de survivre" et qui s'accompagnera de vagues "destructrices" pouvant balayer des maisons et déplacer les voitures, a alerté Mike Brennan, le directeur du NHC.
A cause des chutes d'arbres, les autorités s'attendaient à de vastes coupures de courant: jeudi soir, environ un million de foyers sont privés d'électricité en Floride, selon le site poweroutage.us. Le président américain Joe Biden a "exhorté" les habitants à tenir compte des "appels à évacuer" émis par les autorités. "Prenez cela au sérieux, et soyez prudents", a-t-il insisté.
"Je reste ici"
Sur la côte près de Tallahassee, beaucoup ont fui, après avoir protégé les fenêtres de leur maison avec des planches en bois, et la plupart des commerces ont fermé, a constaté jeudi soir un journaliste de l'AFP. Mais certains comme John Luper ont décidé de rester malgré les ordres d'évacuations, par solidarité avec sa mère et son frère. "Ils ne partiront pas", soupire-t-il, en regrettant leur choix. "Je suis coincé avec eux."
Les autorités du comté de Taylor, en Floride, ont demandé aux habitants n'ayant pas suivi les appels à quitter les lieux à écrire leur nom sur leur corps à l'aide de feutres indélébiles, afin d'aider à leur identification s'ils venaient à être tués.
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A Crawfordville, petite ville située à une trentaine de kilomètres au sud de Tallahassee, Patrick Riickert a lui aussi décidé de faire fi des alertes. "Je reste ici. Je vais me retrancher", a confié ce quinquagénaire à l'AFP, qui a ses petits-enfants avec lui. "J'ai confiance en ma foi et le fait que Dieu me protégera."
Jeudi soir, le gouverneur de Floride Ron DeSantis a demandé aux habitants qui le peuvent encore d'évacuer, et aux autres de se barricader et de ne pas sortir jusqu'au lendemain matin.
Trois autres Etats menacés
La Géorgie, le Tennessee et la Caroline du Sud subiront aussi les effets de l'ouragan. Des dizaines de millions d'Américains sont sous le coup d'alertes météo. A l'intérieur des terres, les autorités redoutent des crues soudaines liées aux fortes pluies, ainsi que de possibles coulées de boue ou glissements de terrain notamment dans les Appalaches.
En Floride, l'état d'urgence a été imposé dans presque la totalité de l'Etat. Quelque 3.500 soldats de la Garde nationale ont été mobilisés et 2.000 supplémentaires sont disponibles si besoin, selon le gouverneur.
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Plusieurs aéroports, notamment ceux de Tallahassee et de Tampa, sont fermés. Des fonds fédéraux ont été débloqués, avec du personnel prêt à aider pour des opérations de recherche et de sauvetage, de rétablissement de l'électricité ou de dégagement des routes.
Taille impressionnante
La particularité d'Hélène est d'être particulièrement étendu. Sa taille en fait "l'un des plus grands ouragans au-dessus du golfe du Mexique durant ce siècle", a noté l'expert Michael Lowry. Si plusieurs ouragans ont déjà frappé les Etats-Unis cette année, dont Béryl et Debby, ceux-ci étaient moins puissants qu'Hélène au moment de toucher terre.
L'agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) avait prévenu que la saison des ouragans cette année -- qui s'étend de début juin à fin novembre -- s'annonçait particulièrement agitée notamment en raison de la chaleur des océans, qui alimente ces tempêtes. En réchauffant les eaux des mers, le changement climatique rend plus probable leur intensification rapide et augmente le risque d'ouragans plus puissants, selon les scientifiques.