Certains états européens sont réticents à sanctionner économiquement la Turquie. 2:15
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Par Jean-Rémi Baudot, édité par Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Pour faire face à la politique agressive de la Turquie, la France a réclamé que des sanctions soient prises à l'échelle européenne. Mais la frilosité de certains États membres et les moyens de pression dont dispose Ankara pourraient déboucher sur des mesures essentiellement symboliques.
DÉCRYPTAGE

La France, et plus globalement l’Europe, aimerait que la Turquie change d’attitude. La politique expansionniste de Recep Tayyip Erdogan tend les relations avec ses voisins depuis plusieurs mois. La Turquie est impliquée militairement en Syrie, en Libye, adopte une posture agressive en Méditerranée et soutient l’Azerbaïdjan dans le conflit au Haut-Karabakh. Si des sanctions pourraient effectivement être décidées, elles auront du mal à réellement faire bouger les lignes.

Dimanche, lors du Grand rendez-vous d’Europe 1, le secrétaire d’état aux affaire européennes Clément Beaune a affirmé que des sanctions étaient à l’étude sans en préciser la nature : "Il est encore trop tôt pour prendre une décision, mais plusieurs options sont sur la table. Tous nos partenaires ont voix au chapitre", a-t-il déclaré, dénonçant "un islamisme agressif culturellement et géopolitiquement" de la part de la Turquie. Les nouvelles sanctions économiques pourraient prendre la forme de gels des avoirs ou de sanctions individuelles. Elles feront l’objet de discussions lors du prochain Conseil Européen, le 11 décembre.

Réticences allemandes

L’Union européenne ne devrait pas aller beaucoup plus loin : "Les réticences, notamment allemandes, sont fortes", reconnait un haut responsable français. Historiquement, l’Allemagne a toujours entretenu des liens forts avec Ankara et près de trois millions de Turcs vivent outre-Rhin.

Récemment des rumeurs faisaient état d’une volonté de la France d’annuler l’union douanière avec la Turquie, mais cette idée a peu de chance de faire son chemin : "C’est lourd à décider et peu efficace à court terme", reconnait le quai d’Orsay. Les réticences allemandes sont là aussi particulièrement marquées : "Le commerce avec la Turquie est très important", a déclaré la semaine dernière le ministre allemand de l’Économie.

Au-delà de la diplomatie et de l'économie, la Turquie a la main sur la migration en provenance du Moyen-Orient. Cela constitue un puissant levier face à l’Europe.