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«Make Europe Great Again» : l'extrême droite européenne s'affiche conquérante à Madrid

Europe 1 avec AFP - Mis à jour le . 5 min

Avec Viktor Orban et Marine Le Pen en têtes d'affiche, de nombreux responsables d'extrême droite européens participent côte à côte samedi à un meeting à Madrid pour défendre un "virage à 180 degrés" de l'Union européenne, dans le sillage de la vague trumpiste.

"Nous sommes le futur !" Réunis à Madrid, les leaders du groupe parlementaire d'extrême droite Patriotes pour l'Europe, Viktor Orban et Marine Le Pen en tête, ont réclamé samedi un "virage à 180 degrés" de la politique européenne, dans le sillage de la vague trumpiste.

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"Make Europe Great Again" : c'est sous ce mot d'ordre, inspiré du "Make America Great Again" de Donald Trump, que ces figures de la droite nationaliste se sont rassemblées, invitées par le parti espagnol Vox, dans un hôtel situé près de l'aéroport madrilène.

Depuis l'élection du président américain, "le monde et l'Europe vivent une accélération de l'histoire", a lancé à la tribune Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national (RN) français. "Nous sommes en face d'un véritable basculement" et "l'UE semble en état de sidération", a-t-elle ajouté.

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Un message appuyé par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, pour qui "la tornade Trump a changé le monde". "Une ère a pris fin. Ce vendredi, nous étions les hérétiques. Aujourd'hui, nous sommes le courant majoritaire", a-t-il affirmé.

Outre Marine Le Pen et Viktor Orban, ce meeting a vu notamment défiler à la tribune l'ex-Premier ministre tchèque Andrej Babis (ANO), le Néerlandais Geert Wilders, dont le Parti de la liberté est arrivé en tête des élections législatives de novembre, ou le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini (La Ligue).

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Rattachés à d'autres groupes au Parlement européen, l'AfD allemande et les Frères d'Italie de la Première ministre Giorgia Meloni - seule dirigeante européenne présente à la cérémonie d'investiture du président américain - étaient en revanche absents de cette rencontre.

"Profiter de la vague"

Au total, 2.000 personnes ont assisté à ce rassemblement, convoqué au lendemain d'un dîner entre les leaders de Patriotes pour l'Europe et Kevin Roberts, le président du groupe de réflexion ultraconservateur américain The Heritage Foundation.

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Objectif, selon les organisateurs: "définir la stratégie à suivre" face à la Commission européenne, accusée de promouvoir l'"immigration illégale" et le "fanatisme climatique". "Il est temps de dire stop", a insisté Matteo Salvini.

Pour Steven Forti, professeur à l'Université autonome de Barcelone (UAB) et spécialiste de l'extrême droite, ce meeting était l'occasion, pour Patriotes pour l'Europe, de "profiter de la vague provoquée par la victoire de Trump" et d'afficher son ambition de redessiner "les équilibres" au sein de l'Union.

Patriotes pour l'Europe a "un point commun avec Trump, c'est sa volonté de fragiliser l'Union européenne", explique à l'AFP le chercheur, en référence aux menaces de hausse des droits de douane du président américain ou de ses velléités d'annexion du Groenland, un territoire danois.

De quoi gêner cependant aux entournures les partis nationalistes européens pour qui les références à Trump ne vont pas sans "tensions", souligne le chercheur.

"La France ne peut pas être assujettie aux États-Unis", a ainsi assuré à des journalistes avant le sommet Marine Le Pen, dont l'entourage a confié avoir peu goûté le slogan "Make Europe Great Again" choisi pour le sommet, jugé "grotesque".

Trump, "un frère d'armes"

"Le président Trump, pour nous, est un frère d'armes", a toutefois insisté le Néerlandais Geert Wilders, en appelant de ses voeux une "reconquista" de l'extrême droite en Europe - en référence aux guerres menées par les rois catholiques espagnols contre les musulmans entre le VIIIe et le XVe siècle.

Avec Trump, "nous sommes le futur", a assuré de son côté Viktor Orban, considéré comme l'un des plus proches alliés du président américain en Europe. Le 20 janvier, jour de son investiture, le chef du gouvernement hongrois avait lancé: "A notre tour d'occuper Bruxelles!"

Au-delà du trumpisme, cette rencontre madrilène - qui a été légèrement perturbée par l'entrée d'une Femen dans le hall de l'hôtel - doit servir de "démonstration de force" à Patriotes pour l'Europe, qui souhaite insister sur sa "centralité dans la compétition" au sein de l'extrême droite, souligne Steven Forti.

Avec 86 députés - dont 30 issus du RN - sur un total de 720, ce groupe est la troisième force au Parlement européen depuis les élections européennes de juin 2024.

Mais il se trouve en concurrence à Bruxelles et Strasbourg avec deux autres groupes d'extrême droite, les Conservateurs et réformistes européens (80 élus), menés par le parti de Giorgia Meloni, et l'Europe des nations souveraines (26 élus), qui compte parmi ses membres l'AfD.

"Aimer le patriotisme de Donald Trump, ça ne veut pas dire être le vassal des Etats-Unis"

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a ainsi intensifié ses attaques contre l'Europe, entre menaces de hausse des droits de douane et velléités d'annexion du Groenland, un territoire danois. De quoi gêner aux entournures les partis nationalistes au sein de l'UE.

"Aimer le patriotisme de Donald Trump, ça ne veut pas dire être le vassal des Etats-Unis", a ainsi assuré mi-janvier Jordan Bardella, le président du RN, qui entend garder ses distances avec le président américain, dont les outrances inquiètent.

A Madrid, Marine Le Pen cherchera à trouver un point d'équilibre vis-à-vis de Donald Trump, selon son entourage - les lepénistes ont du reste peu goûté le slogan "Make Europe Great Again" choisi pour le sommet, jugé "grotesque" par la garde rapprochée de l'ex-candidate à la présidentielle française.

Le Pen veut un référendum pour "arrêter de blablater" sur le droit du sol

Marine Le Pen a appelé samedi à un référendum sur la suppression du droit du sol, exhortant à "arrêter de parler, débattre, blablater", alors que François Bayrou s'est dit prêt à "entrer dans un débat" sur l'identité française incluant cette question très sensible.

"Ça fait 25 ans qu'on débat de ça, ça commence à bien faire. Il y a une chose qui est mieux que le débat, c'est le vote", a fait valoir la leader d'extrême droite en France, enjoignant à François Bayrou de faire un référendum pour changer la loi".

La question posée aux Français serait : "Est-ce que vous êtes d'accord pour le projet de loi supprimant l'acquisition de la nationalité par le droit du sol ?" a-t-elle précisé.

"Il fait le référendum et on arrête de parler, on arrête de débattre, on arrête de blablater, on propose aux Français de donner leur avis et on va le respecter. Moi, il n'y a que ça qui arrivera à me convaincre", a ajouté Marine Le Pen.

Le Pen réfute toute idée d'"alignement" entre les nations européennes et les Etats-Unis

Marine Le Pen a aussi entendu se démarquer de ses alliés européens vis-à-vis de Donald Trump, soulignant que la France n'était pas "assujettie" aux États-Unis et réfutant toute idée d'"alignement".

"La France ne peut pas être la fille des États-Unis, parce qu'elle en est déjà la mère", a-t-elle poursuivi, en référence au rôle décisif joué par le marquis de La Fayette dans la guerre d'indépendance américaine. "Les nations doivent parler entre elles (et) créer à nouveau des relations bilatérales", a-t-elle insisté en marge d'un congrès à Madrid du groupe parlementaire d'extrême droite Patriotes pour l'Europe.

L'entourage de la triple candidate malheureuse à la présidentielle française avait fait part de ses réserves ces derniers jours quant au slogan du congrès, "Make Europe Great Again" ("Rendre à l'Europe sa grandeur"), calqué sur la formule "Make America Great Again" de Donald Trump, un parallèle jugé "grotesque".

"Je crois que la puissance de l'Europe tient dans la puissance de ses nations", a commenté Marine Le Pen dans la capitale espagnole, en faisant valoir que "ce défi de puissance est une exhortation à une existence dans le monde qui vient, dans l'histoire qui s'écrit".

"Dans ce contexte nouveau, nous, nationaux d'Europe, sommes les seuls à pouvoir parler à la nouvelle administration Trump", a-t-elle ajouté.