Emmanuel Macron doit annoncer ce jeudi matin lors d'une conférence de presse le retrait des troupes françaises et européennes du Mali. Il va falloir plusieurs mois à l’armée française pour partir de Gao, l’épicentre de la logistique militaire au Sahel. Quatre à six mois, selon le scénario le plus optimiste. Un voire deux ans, pronostique un ancien chef militaire qui a opéré dans la région.
Pas question de laisser du matériel aux mains de la junte
Aujourd’hui, 2.400 soldats français sont présents au Mali. Les redéployer par avion ne posera sans doute pas de problème, mais c’est toute la garnison derrière qu’il faut évacuer. Des centaines de véhicules blindés, des installations de transmission... Il n'est pas question de laisser du matériel aux mains de la junte.
Sans compter les convois qui devront être protégés d’éventuelles tentatives d’attaques terroristes. Le calendrier est donc très incertain surtout si les colonels putschistes en place décident de ne pas faciliter ces déplacements. Cela prendra du temps. Mais une fois les soldats français partis, quels sont concrètement les risques pour le Mali ?
Le "chaos" dans les mois qui viennent
C'est le grand inconnu. Les autorités maliennes vont être mises face à leurs responsabilités. Les Fama, les forces armées maliennes sont certes mieux formées grâce aux Français, mais beaucoup de chefs militaires prédisent un chaos dans les mois qui viennent.
Le risque est que les groupes terroristes du désert progressent vers le sud-ouest et se rapprochent de Bamako. "Ce ne sont pas les mercenaires de Wagner qui feront le poids", entrevoit un ancien chef du renseignement. A Paris, on pense qu’un jour ou l’autre la junte sera renversée et que les Maliens demanderont à nouveau l'aide de la France.
Quel bilan pour l'opération Barkhane ?
Le retrait des troupes françaises n’est pas une défaite militaire, martèle-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron. Une source à l’état-major rappelle que si la France n’était pas intervenue en 2013 à la demande des Maliens, le pays serait aujourd’hui un califat entre les mains de djihadistes.
En neuf années de présence, les forces spéciales françaises peuvent brandir sans rougir des victoires opérationnelles. Plusieurs chefs terroristes ont été tués. C’est incontestable. L’armée malienne est aujourd’hui mieux formée, même si un grand nombre de chefs militaires prédit un chaos dans les mois qui viennent.
Comme cet ancien général du renseignement persuadé que les mercenaires de Wagner ne pourront pas tenir le terrain face aux groupes armés. La défaite, en revanche, elle est diplomatique et politique. Les efforts pour forcer la junte à engager un processus démocratique ont échoué. Résultat, la France est poussée dehors. L’armée n’a pas réussi à gagner les cœurs des Maliens qui la considèrent aujourd’hui comme une force d’occupation.
Paris se retire. Mais ne restera pas loin, au Niger, au Tchad et dans le Golfe de Guinée.