Les Maliens votaient dimanche au second tour d'une élection dont le président Ibrahim Boubacar Keïta est donné favori, malgré des accusations de fraude et une menace djihadiste que cinq années d'interventions militaires internationales n'ont pas réussi à éradiquer.
La victoire promise à "IBK". Déterminant pour l'avenir du Sahel, le scrutin ne déclenche pas les passions au Mali, la victoire semblant déjà promise au sortant, dit "IBK", face à l'opposant Soumaïla Cissé. Les 23.000 bureaux de vote, pour plus de huit millions d'inscrits, doivent fermer à 18 heures, les résultats étant attendus dans quatre ou cinq jours.
Sécurité renforcée. Lors du premier tour le 29 juillet, quelque 3% des bureaux de vote étaient restés fermés en raison de violences, empêchant près de 250.000 Maliens de se rendre aux urnes, surtout dans le Centre et le Nord. Cette fois, quelque 36.000 militaires maliens, soit 6.000 de plus qu'au premier tour, sont mobilisés pour sécuriser le scrutin avec l'aide des Casque bleus de la Minusma, des forces françaises de l'opération Barkhane et, dans le Nord, où l'Etat est peu ou pas présent, de groupes armés signataires de l'accord de paix.
Malgré cela, le vote n'a pas pu avoir lieu dans le village de Kiname, à 120 km de Tombouctou (nord), où "des hommes armés sont venus et ont emporté tout le matériel électoral au bord du fleuve et l'ont incendié, avant de repartir", a déclaré un habitant joint par l'AFP. Selon des informations de médias locaux, non confirmées officiellement, d'autres bureaux sont restés fermés.
Passe d'armes entre candidats. À Bamako, le président-candidat et son adversaire se sont livrés à une passe d'armes sur la fraude électorale. Selon le camp de Soumaïla Cissé, des bulletins de vote "circulent dans le pays" depuis plusieurs jours pour faciliter la réélection d'Ibrahim Boubacar Keïta. Son chef de campagne, Tiébilé Dramé, a exhibé dans la nuit un carnet de cinquante bulletins "saisi" sur un "agent de Bamako" chargé de leur distribution, preuve selon lui que des bourrages d'urnes étaient en préparation.
"Il est des manoeuvres dont nous savons qu'elles sont à l'oeuvre pour faire croire que nous serions dans une logique de fraude", a répliqué Ibrahim Boubacar Keïta après avoir voté. "Comment frauder quand on a l'assurance de l'estime de son peuple ? Pourquoi essayer de frauder ?", a-t-il ajouté.