Un journaliste français, Olivier Dubois, collaborateur de différents médias, indique avoir été kidnappé début avril au Mali par des djihadistes affiliés à Al-Qaïda, dans une vidéo à la provenance indéterminée circulant sur les réseaux sociaux mercredi. Olivier Dubois a coopéré avec des médias comme le magazine Le Point Afrique ou le quotidien Libération.
Une vidéo destiné à sa famille, ses amis et aux autorités
Dans un brève vidéo d'une vingtaine de secondes, Olivier Dubois dit avoir été enlevé le 8 avril à Gao par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou Jnim en arabe), principale alliance djihadiste au Sahel. Assis par terre, les jambes croisées sur une toile de couleur verte, dans ce qui semble être une tente, il dit s'adresser à sa famille, à ses amis et aux autorités françaises "pour qu'elles fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour me faire libérer". Le journaliste, vêtu d'un costume traditionnel rose clair, la barbe bien taillée, regarde fixement la caméra et s'exprime d'une voix ferme. Les mouvements de ses doigts et d'une jambe semblent néanmoins traduire une certaine nervosité.
L'appel est relayé notamment par Pauline Ades-Mevel, porte-parole de Reporters Sans Frontières. "C'est un journaliste qui connaît particulièrement bien la région, il est extrêmement aguerri. Il s'y est rendu plusieurs fois pour y faire des reportages", explique-t-elle au micro d'Europe 1. Avant d'ajouter : "nous déplorons que cela intervienne une semaine après l'assassinat de deux journalistes espagnols au Burkina Faso. C'est tragique".
Une vidéo de 21 secondes montre le journaliste français Olivier Dubois affirmant qu’il a été kidnappé le 8 avril 2021 par le « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ». Il s’adresse à sa famille, ses amis et aux autorités pour qu’ils fassent leur possible pour sa libération pic.twitter.com/MLqYwCUjRD
— Christophe Deloire (@cdeloire) May 5, 2021
"Nous confirmons la disparition au Mali de M. Olivier Dubois. Nous sommes en contact avec sa famille ainsi qu’avec les autorités maliennes. Nous procédons aux vérifications techniques d’usage", a assuré à l'AFP un responsable du ministère français des Affaires étrangères. Le quotidien Libération, pour lequel il travaillait régulièrement depuis avril 2020, a indiqué ne pas souhaiter faire de commentaire dans l'immédiat.
Premier otage français dans le monde depuis octobre 2020
Il n'y avait plus de Français otage dans le monde depuis la libération en octobre 2020 de Sophie Pétronin, une septuagénaire enlevée près de 4 ans plus tôt, par des hommes armés à Gao également, où elle vivait et dirigeait depuis des années une organisation d'aide à l'enfance. Sophie Pétronin avait été libérée en même temps que l'homme politique malien Soumaïla Cissé, décédé depuis, et que deux Italiens, Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli, également enlevés par des djihadistes.
Malgré des conjectures persistantes, le gouvernement malien n'a jamais confirmé le paiement d'une rançon, en plus de la libération de 200 prisonniers, dont un certain nombre de djihadistes, contre la liberté de ces quatre otages.
En octobre 2020, la Suisse avait été informée que le GSIM) avait exécuté Béatrice Stöckli, une missionnaire évangélique, qui avait été enlevée en janvier 2016 à Tombouctou. En mars dernier, le ministère suisse des Affaires étrangères avait indiqué que son corps avait pu être retrouvé et formellement identifié.
Une poussée djihadiste au Nord du Mali
Le Mali est en proie depuis 2012 à une poussée djihadiste partie du Nord, qui a plongé le pays dans une crise sécuritaire et s'est étendue au centre du pays. Les violences se sont également propagées au Burkina Faso et au Niger voisins.
Les violences - djihadistes, intercommunautaires ou autres - ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré l'intervention des forces de l'ONU, française et africaines.