Les heurts, vendredi à Alger, en marge des manifestations massives contre la perspective d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika en Algérie, ont fait 56 blessés parmi les policiers et sept chez les manifestants, a annoncé la police, citée par la télévision nationale.
Des journalistes de l'AFP ont eux dénombré une dizaine de blessés chez les manifestants, cibles de coups de matraque, de pierres que renvoyaient certains policiers, d'éclats de grenade lacrymogènes ou intoxiqués par les gaz.
Des affrontements ont opposé des groupes de jeunes manifestants à la police. La police a procédé dans la journée à 45 arrestations, dont cinq personnes ayant tenté d'entrer dans l'hôtel El Djazaïr, a ajouté la télévision, citant un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), qui chapeaute les différents services de la police algérienne. L'hôtel El Djazaïr, établissement de luxe, est situé sur l'avenue empruntée par les manifestants partis du centre-ville pour tenter de rejoindre la présidence de la République, et où des affrontements ont opposé en fin de journée des groupes de jeunes manifestants à la police.
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Des parties de l'hôtel vandalisées. Selon des sources sécuritaires, des manifestants sont parvenus à entrer à l'intérieur de l'enceinte de l'hôtel et ont vandalisé des voitures sur le parking. Sur l'avenue, près de l'hôtel, les vitrines de quelques boutiques ont été brisées, une agence bancaire et une voiture incendiées, après que la police eut réussi à disperser les jeunes manifestants avec un usage massif de grenades lacrymogènes.
Plusieurs milliers d'Algériens ont défilé pacifiquement dans l'après-midi. D'autres affrontements entre policiers et manifestants ont eu lieu en fin de journée sur la Place du 1er-Mai, dans le centre-ville, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. Avant les incidents de la fin de journée, plusieurs dizaines de milliers d'Algériens avaient défilé toute l'après-midi pacifiquement, à Alger et dans de très nombreuses villes du pays, en scandant des slogans hostiles au pouvoir, face à une police qui a souvent paru débordée face à l'ampleur de la mobilisation. Amnesty international avait appelé jeudi les forces de l'ordre à "s'abstenir de recourir à une force excessive ou inutile pour disperser des manifestants pacifiques".
Quand la télévision d'État diffuse des images des manifestations contre un 5ème mandat
La télévision nationale algérienne a, pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation en Algérie, ouvert vendredi son journal par des images des manifestations du jour, mais sans référence au mot d'ordre du refus d'un nouveau mandat du chef de l'État. Les manifestants qui ont défilé en masse vendredi, à Alger et dans le reste du pays, ont appelé à un "changement pacifique", a simplement expliqué la télévision nationale. Concernant les heurts entre groupes de jeunes et policiers ayant marqué la fin de la manifestation à Alger, la télévision a évoqué des "débordements" ayant contraint les forces de l'ordre à faire usage de gaz lacrymogènes. Les journalistes des médias publics algériens - radio et télévision - ont récemment dénoncé publiquement les restrictions de couverture, "imposées par (leur) hiérarchie", des protestations sans précédent qui agitent l'Algérie contre la candidature à un 5ème mandat du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999.