Mathias Depardon est rentré en France vendredi après avoir été détenu 31 jours en Turquie, dans le centre de détention de Gaziantep, à la frontière avec la Syrie. Officiellement, parce qu'il travaillait sans carte de presse. Cela lui a valu d'être inculpé, entre autre, de "propagande terroriste". "D’après moi, il s'agit d'envoyer un message au sein de la presse, au sein des journalistes travaillant en Turquie et notamment dans le sud-est du pays. Il est très difficile d'y travailler aujourd'hui. Depuis un an et demi et la répression que le gouvernement turc a entamé envers le PKK, il est très difficile d'y avoir accès", a-t-il expliqué mercredi sur Europe 1.
"En prison, on se repose, on dort, on lit". En détention, il raconte avoir vécu dans des conditions "relativement bonnes", "même si j'étais isolé". "En prison, on se repose, on dort, on lit, on prend des notes. Après trois jours de détention, j'ai eu un crayon et du papier ; j'ai eu des livres après le quatrième jour", raconte encore le photojournaliste qui était très limité en matière d'appels téléphoniques. "J'avais droit à deux appels hebdomadaires, je n'ai pas eu le droit aux visites consulaires qui n'ont pas été octroyées à l'ambassade de France pendant les deux premières semaines" poursuit-il.
"L'impression de mener un combat" avec sa grève de la faim. Serein, Mathias Depardon "savait qu'il sortirait" de prison, "une question de temps". Néanmoins, le photojournaliste a décidé après plusieurs jours de détention, d'entamer une grève de la faim "pour accélérer ce processus de libération". "J'ai fait six jours de grève de la faim, c'était une semaine où j'étais très en forme psychologiquement, où j'avais l'impression de mener un combat, d'avoir initié presque un dialogue avec les autorités turques et envoyé un message de détresse à la France".
"J'ai été prévenu une heure avant ma libération". "Ça a été un marathon psychologique", a encore confié le photojournaliste. "A plusieurs reprises, j'ai eu l'impression de sortir dans les 48 heures. Lors de la première visite consulaire, il m'a semblé que j'allais pouvoir sortir ; lors de la première rencontre entre Emmanuel Macron et Reçep Tayyip Erdogan au sommet de l'Otan pareil, or je suis encore resté deux semaines de plus en détention", précise encore Mathias Depardon. "J'ai été prévenu une heure avant ma libération", conclut-il.