Général Jean-Paul Paloméros 9:47
  • Copié
Juline Garnier , modifié à
Le général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d'état-major de l'armée de l'air française et ancien commandeur suprême de l'Otan, était l'invité de Thierry Dagiral ce dimanche matin sur Europe 1. À l'occasion de la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le général est revenu sur le confit actuel en Ukraine, et les capacités de la France pour se protéger. 
INTERVIEW

Ce dimanche, la France commémore la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), soit la veille de la célébration en Russie de la victoire contre le nazisme. Le président russe a prévu un grand défilé, qui sera l'occasion d'une démonstration de force, alors que l'invasion de l'Ukraine s'enlise. Vladimir Poutine aura une nouvelle occasion d'adresser des avertissements, après que la Russie a plusieurs fois brandi la menace nucléaire. "Cela fait partie de ce qu'on appelle la gesticulation dans le langage militaire. On montre sa puissance, souhaitons-le, pour ne pas devoir s'en servir", analyse le général Jean-Paul Paloméros, ancien commandeur suprême de l'Otan, au micro d'Europe 1.

Les menaces russes laissent planer un doute sur le risque nucléaire

La parade russe prendra place sur la place Rouge et selon le ministère russe de la Défense, il devrait y avoir l'"avion de l'Apocalypse", un bunker volant conçu pour transporter le chef du Kremlin en cas de guerre nucléaire. Mais le général reste rassurant face au risque nucléaire.

"La France a une dissuasion nationale indépendante et notre concept, c'est que la dissuasion doit dissuader. Ce n'est pas une arme d'emploi. Les Russes laissent planer ce doute. C'est ça qui est un peu embêtant. (…) Mais on a du mal à voir l'intérêt de toute frappe nucléaire, fût elle de moindre intensité. Ça déclencherait un phénomène en cascade qui serait très difficile à arrêter", assure-t-il.

La France est-elle protégée en cas d'attaque ?

Selon l'ancien chef d'état-major de l'armée de l'air française, la France est à la pointe de la dissuasion nucléaire, ce qui réduit les risques. "Aujourd'hui, elle possède deux composantes distinctes et complémentaires : une composante sous-marine et une composante aérienne, qui ont été modernisées au meilleur niveau mondial. Donc ça, c'est quand même la garantie ultime." 

Cependant, en cas de conflit "de haute intensité", le pays risque de devoir faire des efforts, notamment budgétaires. "Les munitions sont plus complexes, on n'a pas le temps de reconstruire. On ne peut pas faire un effort de guerre comme ça, instantané, pour remettre à niveau les munitions. Donc ça, c'est un vrai souci. Quel est le niveau satisfaisant des munitions? Je pense que ça va être vraiment l'effort qui va être porté dans les quelques années qui viennent", prévient le général Jean-Paul Paloméros.

Quant à la défense de l'Union européenne, "les Européens en tant que tels ne pèsent pas parce que, pour l'instant, ils ne font pas front ensemble, même si des efforts sont faits", souligne-t-il.