Angela Merkel a vivement dénoncé mercredi une agression antisémite présumée à coups de ceinture survenue dans la rue à Berlin sur fond de crainte de résurgence de l'antisémitisme en Allemagne.
L'une des deux victimes, Adam, 21 ans, a cependant indiqué dans une interview à la chaîne de télévision publique allemande Deutsche Welle ne pas être juif mais un Arabe israélien et qu'il "s'agissait de la première fois" qu'il portait une kippa. Il a expliqué avoir reçu la calotte religieuse en cadeau d'un ami et être parti du principe, avant l'agression, que cela ne posait pas de problème de la porter dans la rue dans la capitale allemande.
DW EXCLUSIVE: The young man attacked in Berlin is not Jewish.
— dwnews (@dwnews) 18 avril 2018
"I'm not a Jew. I wanted the German people - and the world - to see how terrible it is these days as a Jew, to walk the streets of Berlin." pic.twitter.com/1EcQa3rnAJ
"Il en va de la réputation de notre État". La police berlinoise a indiqué dans un communiqué enquêter sur cette "agression antisémite" contre Adam et un autre jeune de 24 ans et rechercher les auteurs. "C'est bien sûr un incident terrible et nous allons réagir", a commenté la chancelière Angela Merkel au cours d'une conférence de presse à Bad Schmiedeberg, à l'issue d'une rencontre avec des chefs de gouvernement d'États régionaux allemands. "Ce combat contre de tels actes antisémites doit être gagné, il en va de la réputation de notre État, et nous nous engageons de toutes nos forces", a-t-elle ajouté.
Une "honte pour la démocratie". La ministre de la Justice Katarina Barley a dénoncé une "honte pour la démocratie". Et le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a parlé d'une attaque "insupportable", rappelant "la responsabilité" particulière de l'Allemagne à l'égard des Juifs. "Cet acte doit être puni le plus sévèrement possible", a indiqué le président du Conseil central des Juifs d'Allemagne, Josef Schuster.
Fouetté avec une ceinture. La victime prénommée Adam a indiqué avoir été agressée mardi soir avec son ami alors que tous deux portaient une kippa et marchaient dans un quartier huppé de Berlin. Les agresseurs étaient trois jeunes, dont l'un au moins parlait arabe, a-t-il dit, affirmant que le principal agresseur parlait "un dialecte syrien". Il a témoigné avoir été soudain hélé et insulté par le groupe et avoir décidé à ce moment-là de filmer la scène. Les images montrent son agresseur en train de le fouetter avec sa ceinture en criant "yahoud", juif en arabe et "trou du cul".
La passivité des passants critiquée. En filmant son agression, il voulait avoir "une preuve pour la police, les Allemands mais aussi le monde entier pour montrer combien c'est difficile pour un Juif de se promener de nos jours à Berlin", a-t-il expliqué à Deutsche Welle. Il a aussi critiqué la passivité de la cinquantaine de personnes se trouvant selon lui dans les environs au moment de l'altercation. Seule une femme s'est interposée et a crié en direction de l'agresseur, a-t-il témoigné. La lutte contre l'antisémitisme a une importance particulière pour le gouvernement allemand toujours hanté par le passé nazi.
Résurgence de l'antisémitisme. Ces derniers mois, du fait de l'essor de l'extrême droite et des inquiétudes dues à l'afflux de réfugiés arabes, un débat s'est fait jour sur la résurgence en Allemagne de la haine à l'égard des Juifs. Plusieurs responsables du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) ont ainsi tenu des propos haineux sur l'Holocauste et le devoir de mémoire allemand. La chancelière a par ailleurs décidé de créer un poste de commissaire à l'antisémitisme à la suite de l'émoi suscité par des images de drapeaux israéliens brûlés au cours d'une manifestation à Berlin contre la décision américaine de reconnaître Jérusalem capitale de l'État hébreu. Enfin, depuis plusieurs jours, une controverse agite le monde politique et culturel national après que deux rappeurs ont reçu un prix musical malgré des textes accusés de contenir des "provocations antisémites".