A l'origine, son livre devait sortir en novembre dernier, quelques jours après les attentats du 13 novembre. Michel Onfray a finalement décidé de repousser la sortie de Penser l'islam, estimant qu'un débat n'était pas possible. "On ne pouvait être entendu que si on allumait des bougies ou si on apportait une peluche", a t-il estimé, invité lundi du Club de la presse sur Europe 1.
"Étonnamment, il n'y a pas de bombes qui explosent en Argentine, au Venezuela ou au Paraguay". Dans son livre, le philosophe s'interroge sur les raisons qui ont conduit aux récentes attaques terroristes en France et à Bruxelles, pointant du doigt les offensives françaises à l'extérieur comme l'une des principales raisons de ces attaques. "L'Occident, dont la Belgique, s'est trouvé engagé dans un certain nombre d'opérations politiques. Regardez la carte des gens qui sont intervenus et ceux qui ne sont pas intervenus dans tous ces conflits depuis 1991 pour aller massacrer des gens, faisant 4 millions de victimes. Étonnamment, il n'y a pas de bombes qui explosent en Argentine, au Venezuela ou au Paraguay", souligne t-il.
Accusation de la gauche. "Ce n'est pas la raison principale, mais l'une des raisons principales", tempère-t-il. "On peut ajouter un certain nombre de choses : le renoncement de la gauche à la gauche en 1983, le fait que la gauche au pouvoir est une gauche libérale qui estime que le marché doit faire la loi partout, l'idée qu'on ait renoncé à l'intelligence à la télévision, dans les médias, etc.", liste le fondateur de l'université populaire de Caen.
"Quand il s'agit de vendre des équipes de foot ou des immeubles...". Michel Onfray plaide ainsi pour "une neutralité de la France à l'extérieur" et pour l'arrêt de la guerre menée par la France à Daech. "On peut ne pas vouloir la guerre. C'est mon cas", explique-t-il. "La militarisation de la société et les bombardements sur l'Etat islamique ne suffiront pas. Quand vous coupez une tête, il en repousse une autre. Toutes les guerres ont fini un jour. Le plus tôt ne serait-il pas le mieux venu ?". "On s'entend bien avec des pays qui sont des amis de l'Etat islamique : la Turquie, l'Arabie Saoudite, le Qatar", poursuit-il. "Quand il s'agit de vendre des équipes de foot ou des immeubles, de se faire financer des campagnes présidentielles, on s'entend très bien avec eux. Je crois à la diplomatie".