Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis auront lieu mardi. Ce scrutin permet aux Américains d'élire les deux chambres du Congrès : 435 représentants de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, soit 35 sièges sur 110. Bien qu'il s'agisse d'une élection législative, jamais l'ombre du président n'a autant plané sur les votes. Nicole Bacharan, politologue franco-américaine, spécialiste de la politique américaine, décrypte les enjeux de ce scrutin pour Europe 1.
"Trump l'a voulu ainsi". Même si "des facteurs locaux jouent, des sénateurs sont populaires ou impopulaires, de même pour les gouverneurs", ce vote tient lieu de référendum pour ou contre Trump deux ans après son élection à la tête des Etats-Unis, confirme Nicole Bacharan. "Donald Trump l'a voulu ainsi", ajoute la spécialiste. "Il a fait campagne tous les jours, plusieurs meetings par jour, en disant, en gros, 'vous êtes pour ou contre moi'". Deux paramètres vont dès lors être observées lors des résultats, selon le politologue : "On va voir d'abord si les électeurs américains sont motivés. Ce sont souvent des élections où l'on vote très peu. Et si effectivement il y a toujours une solide majorité pour soutenir Donald Trump."
Le tout début d'une procédure d'impeachment ? Dans l'hypothèse où la Chambre des représentants basculerait du côté démocrate, Nicole Barachan envisage deux possibilités : "Il y aurait un chemin rationnel où Donald Trump et les démocrates pourraient construire des projets législatifs communs", notamment en ce qui concerne les investissements d'infrastructures et certains éléments de la couverture médicale.
"Mais je ne crois pas qu'on sera dans un monde rationnel. Je crois qu'on sera dans un monde de passions où les démocrates veulent la peau de ce président. Les enquêtes sont prêtes, la Chambre a des pouvoirs d'enquête très larges", souligne la spécialiste qui envisage donc une éventuelle arrivée sur le terrain judiciaire pour lancer des actions contre le président en matière "d'obstruction à la justice, de corruption, d'abus de pouvoir, d'éventuelle collusion avec la Russie. Tout cela serait sur la table avec la possibilité d'un début de procédure d'impeachment. Reste que le président serait "protégé" par le Sénat dans la seconde phase de cette procédure de destitution, souligne Nicole Bacharan.
Un boulevard ou dos au mur. Le résultat des urnes aurait ainsi des conséquences manichéennes résume la spécialiste: "S'il garde la majorité dans les deux chambres, il a un boulevard. S'il perd la majorité à la Chambre des représentants, il sera menacé, il sera dos au mur et à mon avis, d'autant plus dangereux dans ses choix."