L'année 2017 pourrait être l'année la plus meurtrière en Méditerranée pour les migrants qui tentent de rejoindre les côtes italiennes au départ de la Libye, a estimé Amnesty International dans un rapport (en anglais) publié jeudi.
Un taux de mortalité élevé. "Si le deuxième semestre 2017 est à l'image du premier et qu'aucune disposition d’urgence n'est prise, 2017 est en passe de devenir l'année la plus meurtrière pour la route migratoire la plus meurtrière du monde", écrit John Dalhuisen, directeur pour l'Europe de l'ONG, dans un communiqué.
Le rapport, se basant sur les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), recense 2.072 décès d'exilés sur les plus de 75.000 personnes qui ont tenté la traversée pendant les six premiers mois de l'année. Amnesty calcule un taux de décès de 2,7%, soit trois fois plus qu'en 2015, pour un nombre de migrants similaire.
Les pays européens tourneraient le dos au problème. Le rapport critique l'action des pays de l'Union, dont les ministres européens de l'Intérieur se réunissent ce jeudi pour répondre à l'appel à l'aide lancée par l'Italie submergée par les vagues de migrants, et les accuse d'être en partie à l'origine de l'explosion du nombre de décès depuis 2015. "Les États européens tournent progressivement le dos à une stratégie de recherche et de secours qui réduisait la mortalité en mer", regrette John Dalhuisen dans le communiqué.
Une aide insuffisante à la Libye. L'organisation fustige, notamment, la politique d'aide à la Libye pour traquer les réseaux de passeurs et contenir les migrants sur les côtes de l'État africain, regrettant que cette coopération "n’englobe pas de mécanisme ni de système adéquat d'obligation de rendre des comptes afin de surveiller" les garde-côtes libyens, que l'ONG accuse d'exactions.
Des garde-côtes de mèche avec les passeurs. "Les interceptions par les garde-côtes libyens mettent bien souvent en péril les réfugiés et les migrants", indiquent les auteurs du rapport, qui précisent que leurs techniques d'intervention "ne respectent pas les protocoles élémentaires de sécurité et peuvent engendrer des mouvements de panique et des chavirements catastrophiques". "En outre, des allégations sérieuses accusent certains garde-côtes d'être de connivence avec les passeurs et des éléments prouvent qu'ils maltraitent les migrants", poursuit Amnesty.