Lors de sa prise de fonction de la présidence de l'Union européenne le 1er juillet dernier, l'Autriche a donné le ton : sa seule préoccupation est de "juguler l'immigration illégale". Jeudi, un document, dévoilé par Le Monde, permet d'en apprendre un peu plus sur la vision de Vienne à ce sujet. L'Autriche, dirigée depuis décembre dernier par un gouvernement de coalition entre la droite et l'extrême-droite, y plaide notamment pour ce qu'aucune demande d'asile ne soit déposée dans l'Union européenne.
De nouveaux critères pour accorder l'asile. Dans ce texte produit par Vienne et soumi aux experts des 27 autres membres de l'UE début juillet, l'Autriche propose de créer un "nouveau système de protection" où "aucune demande d'asile ne sera déposée sur le sol européen". Il fixe aussi un objectif : en 2025, n'accepter que des migrants qui "respectent les valeurs de l'UE et ses droits et libertés fondamentales".
L'UE "renforce le business des passeurs". Alors que des hotspots ont été créés en 2015, notamment en Grèce et Italie, afin d'améliorer la gestion des migrants, l'Autriche n'envisage pas d'améliorer ce système. Bien au contraire, Vienne souhaite voir ces hotspots en-dehors du territoire européen, au risque de bafouer le principe de non-refoulement des migrants que l'UE s'est engagée à respecter dans des traités internationaux. Le texte regrette que les débarquements opérés après les sauvetages en mer "n’aient lieu que dans l’UE", ce qui "renforce le business des passeurs".
Des migrants "sensibles aux idéologies hostiles à la liberté". Le document réserve aussi une autre donnée puisqu'il dresse un portrait du migrant type : "ce ne sont pas en priorité ceux qui sont en besoin de protection qui viennent en Europe, mais surtout des gens qui peuvent se permettre de passer par des réseaux criminels et se sentent suffisamment forts pour entreprendre de dangereuses traversées". Autre idée avancée par le texte : les migrants, "en raison de leur origine", "ont de manière répétée de gros problèmes pour vivre dans des sociétés ouvertes, et même, les rejettent". "Parmi eux, on trouve un grand nombre de jeunes hommes peu ou pas éduqués. Beaucoup sont tout particulièrement sensibles aux idéologies hostiles à la liberté ou qui prônent la violence", avance le document.