"Ou vous êtes solidaires, ou ne nous faites pas perdre notre temps". Le ton est monté jeudi soir à Bruxelles. Durant un débat consacré aux migrants, Matteo Renzi a poussé un véritable coup de gueule contre une partie de ses homologues. Le chef du gouvernement italien a cherché à obtenir d'eux un engagement de prendre en charge 40.000 demandeurs d'asile arrivés en Italie et en Grèce. Et il a finalement obtenu leur accord.
Alors que la Grèce semblait être le sujet de préoccupation numéro 1 du sommet des 28 qui se tient jusqu'à vendredi à Bruxelles, Matteo Renzi a souhaité aborder la question des migrants, problématique sur laquelle l'Italie se sent abandonnée par le reste de l'Union. L'absence de consensus sur la proposition d'imposer des quotas pour la répartition, sur deux ans, des demandeurs d'asile - afin de soulager la Grèce et l'Italie -, a déclenché la colère du chef du gouvernement italien, selon le récit d'un des participants à ce raout.
Un accord a été trouvé. Les débats ont duré plusieurs heures et ont été très tendus, car plusieurs pays d'Europe Centrale ont voulu que cette répartition se fasse de manière volontaire. "Le mot volontaire n'est pas dans les conclusions" du sommet, s'est félicité Matteo Renzi. L'accord stipule que les dirigeants de l'UE "donnent leur accord à la relocalisation sur deux ans de 40.000 personnes arrivées en Italie et en Grèce et ayant besoin d'une protection provisoire, et à la réinstallation de 20.000 réfugiés". Il n'impose aucune obligation, contrairement à ce que demandait la Commission européenne, mais la formule vaut engagement contraignant, a-t-on expliqué de source européenne.
"La France prendra sa part". "La discussion a été longue et a connu des moments de tension bien légitimes", a reconnu François Hollande. "La France prendra sa part" de l'effort pour aider l'Italie et la Grèce, débordés par les flux de migrants, a assuré le chef de l'Etat, sans toutefois mentionner le moindre chiffre.
Interrogé sur son coup de colère, Matteo Renzi a assuré, en français, être "un homme très tranquille". "J'ai seulement dit que si l'Europe est un lieu ou nous ne parlons que de budget, ce n'est pas l'Europe à laquelle nous avons pensé lorsque nous l'avons créée en 1957 à Rome", a-t-il conclu.