L'ONG allemande Sea-Watch a annoncé mardi avoir saisi la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) contre l'Italie après son refus d'accueillir 47 migrants secourus en Méditerranée. Ces 47 migrants ont été secourus il y a dix jours aux large des côtes libyennes par le bateau Sea-Watch 3 qui mouille à présent au large de la Sicile.
Sea-Watch dénonce une "prise d'otages politique". Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, qui a fait de la fermeture des ports italiens aux migrants le fer de lance de son action, a prévenu qu'ils pourraient débarquer mais à condition qu'ils partent en Allemagne ou aux Pays-Bas. Mais pour Sea-Watch, il s'agit d'une "prise d'otages politique", a dénoncé auprès de l'AFP le porte-parole de l'ONG, Ruben Neugebauer.
Sea-Watch 3 navigue sous pavillon néerlandais. Mais pour Ruben Neugebauer, les lois régissant les eaux internationales sont claires : les navires en détresse "doivent être accueillis dans le port sûr le plus proche". Dans un cas similaire en janvier, l'Union européenne était finalement parvenue à un accord pour répartir entre huit pays européens près de 50 migrants bloqués à bord de deux navires, dont Sea Watch 3.
Salvini envisage une action contre l'équipage du Sea-Watch. Lundi, les Pays-Bas ont rejeté l'appel de l'Italie à accueillir les 47 migrants, arguant que le navire battant pavillon néerlandais avait agi "de sa propre initiative". "C'était au capitaine de Sea Watch 3 de trouver un port à proximité pour débarquer les 47 migrants qu'il avait à bord", a estimé le gouvernement néerlandais.
Matteo Salvini a depuis averti qu'il envisageait d'intenter une action en justice contre l'équipage du Sea-Watch. Quelque 113.482 migrants ont traversé la Méditerranée pour se rendre en Europe l'année dernière, selon l'agence des Nations Unies pour les réfugiés. 2.262 personnes ont perdu la vie ou ont disparu au cours de cette traversée périlleuse.