Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a interdit jeudi à quiconque de débarquer du navire des gardes-côtes "Diciotti" qui a recueilli 67 migrants, dont certains sont soupçonnés de s'être révoltés sur un remorqueur italien. Le "Diciotti" a recueilli lundi à son bord 67 migrants, dont trois femmes et six enfants, et a accosté jeudi en début d'après-midi au port sicilien de Trapani, selon des images des télévisions italiennes montrant le navire à quai.
Possibles menaces contre l'équipage. Parmi ces migrants, certains sont soupçonnés de s'être révoltés, par peur d'être ramenés en Libye, contre l'équipage d'un remorqueur italien, le Vos Thalassa, qui les avait recueillis au large des côtes libyennes. "Je ne donne l'autorisation à personne de débarquer du Diciotti : si quelqu'un le fait, il en assume la responsabilité", a affirmé Matteo Salvini en marge d'une rencontre informelle avec ses homologues européens en Autriche. "S'il y a eu des violences (à bord du Vos Thalassa), leurs auteurs iront en prison et s'il n'y en pas eu, parce que quelqu'un a menti, ce quelqu'un en paiera les conséquences", a ajouté Matteo Salvini, qui aussi le chef de file de la Ligue (extrême droite).
Selon les médias, l'équipage du Vos Thalassa a été contraint, après avoir reçu des menaces, de s'enfermer dans la salle des contrôles du navire, et a appelé à l'aide le centre de secours en mer basé à Rome pour dénouer la situation. Les organisations humanitaires présentes sur le quai à Trapani (dont Médecins sans Frontières, Save the Children, l'Unicef) ont réclamé jeudi soir dans un communiqué que soit "facilité de façon urgente" le débarquement des "réfugiés et migrants, parmi lesquels des femmes, des enfants et des adolescents qui sont en mer depuis quatre jours".
Divergences politiques. En poste depuis le 1er juin, Matteo Salvini, qui veut réduire à zéro le nombre de migrants arrivant sur les côtes italiennes, a décidé il y a un mois d'interdire l'accès aux ports italiens aux ONG qui portent secours aux migrants en Méditerranée, position qui marque la nouvelle ligne dure de l'Italie en matière migratoire. Il souhaite désormais élargir cette interdiction aux navires des missions internationales en Méditerranée, la position de l'Italie étant de partager avec l'UE la gestion des flux migratoires.
Le cas du "Diciotti" met en lumière une divergence au sein de la coalition gouvernementale, dont fait partie la Ligue de Matteo Salvini avec le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) de Luigi Di Maio, dont la frange la plus à gauche est opposée à la fermeture des ports italiens, surtout aux navires battant pavillon national.