Invité d'Europe Midi Week-end, le chercheur en géopolitique de l'environnement François Gemenne revient sur cette COP27 difficile qui se termine ce week-end en Égypte. Sur place depuis le début du forum, cet expert du Giec suit avec intérêt les discussions entre les États mais constate que "l'on arrive à un système à bout de souffle". Selon le chercheur, "on attend de la COP davantage de ce qu'elle peut donner", car aucun État n’arrive à la table avec des négociations avec des propositions ou engagements forts. Conséquence : l'activisme gagne en vigueur.
Les intérêts économiques avant les intérêts écologiques
"Si les États arrivent les mains vides, la COP n’est qu’une chambre d’enregistrement de cette absence d’engagement et d’action", lance François Gemenne au micro d'Europe 1. Dès lors, faute d'actions politiques, notamment lors de ce forum de négociations entre États, l'activisme prend de l'ampleur. "Aujourd'hui, 86% des Français se disent tracassés par la question du changement climatique. Le problème est que cette question est encore vue comme une cause à laquelle on serait sensible mais qu'elle ne mobilise pas encore nos intérêts", analyse l'expert.
Ce qui explique pourquoi notre action est toujours et encore retardée. "Cette cause du changement climatique s'effacera toujours devant des intérêts politiques, économiques et financiers, qui la font passer au second plan."
"C'est mal parti"
Ainsi, la multiplication d'actions chocs des activistes tente de palier un manque de propositions politiques. Blocage des routes, attaques sur des œuvres d'art... Les nouvelles manières de se faire entendre interpellent. "Je crains que les gouvernements ne réalisent pas que leurs inactions font monter la colère et les ressentiments dans la société, qui va devenir de plus en plus violente", alerte l'expert sur Europe 1. "Moins il va y avoir d'actions politiques et plus l'activisme sera virulent, car il y aura de plus en plus de frustration et de colère dans la société."
À la COP27, François Gemenne avait une crainte, un retour en arrière, notamment sur les accords de Glasgow. On a d'ailleurs frôlé la catastrophe avec la présidence égyptienne qui a proposé un compromis revenant sur les termes de la COP26. Le chercheur salue ainsi la décision de l'Union européenne de rejeter cette proposition. "Il est préférable d'en rester là pour éviter tout recul", temporise François Gemenne. "Il peut y avoir un retournement de situation, on peut encore arriver à un accord, mais pour le moment c'est mal parti."