Inlassablement, ils parcouraient la Méditerranée pour venir en aide aux migrants menacés de noyade. Mais samedi, Médecins sans frontières (MSF) a annoncé une suspension de ses opérations de sauvetage.
Des gardes-côtes libyens menaçants. Première raison invoquée : les tensions avec les gardes-côtes libyens. "Nous suspendons nos activités parce que nous estimons que l'attitude menaçante des gardes-côtes libyens est très sérieuse et que nous ne pouvons pas mettre nos collègues en danger", a commenté Loris de Filippi, président de l'antenne italienne de MSF, samedi. Les autorités libyennes ont en effet publié vendredi une circulaire visant à restreindre l'accès à leurs eaux internationales aux navires étrangers. Ces-derniers devront obtenir une autorisation pour avoir le droit de naviguer dans ces eaux.
Les ONG portant secours aux migrants sont particulièrement touchées par cette circulaire. "On est dans le flou mais on a déjà vu des garde-côtes libyens tirer. Il y a une réelle volonté aujourd'hui d'empêcher les bateaux d'intervenir pour effectuer des sauvetages", a rappelé Corinne Torre, chargée de mission France pour Médecins sans Frontières, au micro d'Europe 1, samedi matin.
Charte de bonne conduite. En outre, les autorités italiennes, elles aussi, entravent les activités de MSF. Elles ont demandé à l'ONG de signer un code de conduite et de se plier à certaines exigences, comme accepter la présence d'un officier de police italien à bord des navires de sauvetage, ou se charger également du convoyage des migrants vers une destination sûre et ne pas rester sur zone pour poursuivre leurs interventions. MSF a refusé.
13.000 morts en quatre ans. Cette suspension des opérations de sauvetage doit être temporaire, le temps que MSF rencontre les autorités libyennes et italiennes trouvent un accord. Environ 600.000 migrants sont arrivés en Italie au cours des quatre dernières années, principalement à partir des côtes libyennes. Plus de 13.000 d'entre eux ont péri en tenant la traversée sur des embarcations de fortune ou surchargées.