"On aurait aimé qu'elle soit parmi nous". Ce sont les premiers mots de son époux, le militant et journaliste iranien Taghi Rahmani, réfugié en France avec ses enfants depuis 10 ans. Actuellement privée de communication avec l'extérieur, Narges Mohammadi n'est peut-être même pas au courant de la récompense qu'elle a obtenue. Son mari ne peut alors qu'imaginer la réaction qu'elle aurait pu avoir.
Une récompense souligne la lutte des Iraniens pour la liberté
"Je pense qu'elle aurait voulu attribuer ce titre à toutes les femmes qui se battent à ses côtés. Il n'y a pas qu'elle, il y a des milliers de noms de résistants, tellement que je ne pourrai pas tous les citer" confie-t-il. Cette récompense vient aussi souligner la lutte des Iraniens pour la liberté et la démocratie dans leur pays. "Il était important que cette récompense vienne saluer leur combat, qu'elle leur donne de la lumière, de l'énergie, nous ne les oublions pas et nous nous tenons à leur côté".
Ce Nobel est une responsabilité pour Narges Mohammadi, mais il représente également un risque puisqu'il vient souligner la misogynie et le système d'oppression du pouvoir iranien, selon Taghi Rahmani. La prix Nobel de la paix est une détenue d'opinion : arrêtée à 13 reprises, condamnée cinq fois, elle a fait 31 ans de prison au total et à 150 coups de fouet. Elle disait n'avoir presque aucune perspective de liberté.
Aujourd'hui, l'émotion est palpable pour son fils Ali, âgé de 17 ans : "ça fait huit ans que je n'ai pas pu voir ma mère et un an et neuf mois que je n'ai pas pu lui parler. Il faut savoir que c'est quelque chose de très courant dans les prisons, car le but du gouvernement justement est de briser les prisonniers. Des Iraniens qui demeurent sous contrôle et ne peuvent vivre digne, rappelle la famille, qui souhaite aller au bout de leurs sacrifices et de ceux de Narges Mohammadi, un combat de tout un peuple selon eux.
De son côté, l'Iran a dénoncé une décision partielle et politique. "La France se félicite de ce choix très fort pour une combattante de la liberté" selon les mots d'Emmanuel Macron en marge d'un sommet européen informel à Grenade, en Espagne. Le ministère des Affaires étrangères demande sa libération immédiate.