"Je n'ai pas changé de numéro." Vendredi, lors d'un sommet européen, Emmanuel Macron a lancé un appel à Vladimir Poutine : le président français reste joignable pour le dirigeant russe, si ce dernier a des "propositions sérieuses" à faire pour la paix en Ukraine. La question de son adhésion dans l'Union européenne était au cœur des discussions à Bruxelles. Les négociations se sont ouvertes en l'absence de Viktor Orbán. Mais quelques heures plus tard, le Premier ministre hongrois a mis son veto à l'octroi de 50 milliards d'euros d'aide financière à Kiev.
Face à la décision de son homologue, Emmanuel Macron a haussé le ton, avec un avertissement à la fois ferme et bienveillant. "La Hongrie a été respectée durant ce Conseil, elle a une voix portée par son Premier ministre, elle défend ses intérêts (…) Ce respect implique des responsabilités", a martelé le président français lors d'une conférence de presse.
"Qu'il ne prenne pas en otage nos avancées politiques"
"J'attends de Viktor Orbán dans les prochains mois qu'étant respecté, ses intérêts légitimes étant pris en compte, il se comporte en Européen et ne prenne pas en otage nos avancées politiques." Emmanuel Macron le sait : à lui seul, Viktor Orbán a le pouvoir de bloquer l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne, car l'unanimité des 27 est requise tout au long du processus qui va durer plusieurs années.
En revanche, sur le volet financier du soutien à Kiev, le Premier ministre hongrois est moins décisif. Pour le moment, il refuse de signer un chèque européen de 50 milliards d'euros sur quatre ans en faveur de l'Ukraine. Mais sur ce dossier, les autres pays pourront contourner son veto. D'où cet avertissement glissé subtilement par Emmanuel Macron, qui lui rappelle que "nos traités nous permettent, in fine, de continuer d'avancer".
Les négociations pour débloquer cette aide jugée vitale par l'Ukraine reprendront le mois prochain lors d'un nouveau sommet européen.