La Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, à la tête du gouvernement civil birman, aurait dû démissionner en signe de protestation contre le nettoyage ethnique des Rohingyas musulmans par l'armée, a critiqué jeudi le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme. "Elle aurait pu ne rien dire, ou encore mieux, démissionner", a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein dans un entretien à la BBC.
Aung San Suu Kyi a en effet défendu depuis plus d'un an l'armée birmane dans cette crise et dénoncé un "iceberg de désinformation" dans les médias internationaux sur le sujet. "Elle n'avait pas besoin de se faire la porte-parole des militaires birmans. Elle n'avait pas à parler d'iceberg de désinformation", a-t-il critiqué.
La Birmanie rejette le rapport de l'ONU. La Birmanie a rejeté mercredi le rapport des enquêteurs de l'ONU accusant son armée de "génocide" à l'encontre des musulmans rohingyas, défiant la communauté internationale au lendemain d'une réunion du Conseil de sécurité.
Selon les enquêteurs de l'ONU, les principaux généraux de Birmanie devraient faire l'objet de poursuites internationales pour "génocide" contre les Rohingyas, dont plus de 700.000 ont fui au Bangladesh après une offensive de l'armée birmane en août 2017 lancée en représailles d'attaques de rebelles rohingyas.
Le comité Nobel exclut de lui retirer son Nobel de la paix. Le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi s'accroche donc à la ligne qui a été la sienne depuis août 2017 : défendre les militaires, force politique puissante avec laquelle l'ancienne dissidente tente de composer depuis son arrivée au pouvoir début 2016.
Le comité Nobel norvégien a exclu mercredi de retirer le Nobel de la Paix à Aung San Suu Kyi, malgré sa mise en cause par ce rapport explosif de l'ONU, ses statuts ne prévoyant pas une telle possibilité.