Elle l'a dit mercredi, six mois après sa défaite : sans le FMI et les piratages russes, Hillary Clinton aurait été présidente des Etats-Unis. Nicolas Arpagian, spécialiste en cybersécurité, était l'invité de l’émission C'est arrivé cette semaine. Pour Europe 1, il analyse s'il faut réellement prendre au sérieux la déclaration d'Hillary Clinton et si les cyberattaques sont une vraie menace pour la démocratie.
Un timing étonnant. Le cyclone pour l'ancienne candidate démocrate prend forme le 28 octobre 2016. A cette date, le directeur du FBI rouvre l'enquête sur les correspondances au sein du parti démocrate. Et ce juste après que le Washington Post a publié une vidéo où Donald Trump parle très crûment des femmes. La décision du FBI prend des airs de riposte, d'autant plus que dans les jours suivants, Wikileaks publie des mails internes au parti démocrate déstabilisant la candidate et que l'enquête n'est refermée qu'à la quasi veille du scrutin.
La médisance reste. Au-delà du côté mauvaise perdante, estime Nicolas Arpagian - bien qu'elle ait remporté l’élection au suffrage direct -, la déclaration d'Hillary Clinton a une vertu pédagogique, celle de montrer que "les informations (...) fondées ou pas, qui ne désignent pas forcément des faits coupables, peuvent avoir une incidence", instiller le doute. "C'est une dimension nouvelle et durable au sein des campagnes électorales", tranche Nicolas Arpagian. Une dimension qui s'illustre par la phrase de Francis Bacon "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose." Les attaques ne visent d'ailleurs pas les programmes mais "tout ce qui accompagne la personnalité du dirigeant", précise Nicolas Arpagian.
Wikileaks, caisse de résonance. Pour réussir ce travail de sape, plusieurs éléments doivent être mis en place, explique le spécialiste : "déjà, il faut un pirate. Les enquêtes des services de renseignements russes ont admis qu'il fallait une puissance d’ordre étatique pour avoir cette capacité d'action. Il faut ensuite une caisse de résonance, et c'est là que Wikileaks intervient", puisque ce qui est dévoilé intéresse les autres médias. Arrive enfin "la troisième étape, l'appropriation par le public. La touche supplémentaire a été la décision du FBI qui venait cautionner l'affaire. Il a participé à la pollution de la candidature d'Hillary Clinton", juge le spécialiste.