Des milliers de personnes ont manifesté devant l'ambassade de France dimanche à Niamey, avant d'être dispersées par des grenades lacrymogènes, a constaté un journaliste de l'AFP, lors d'un rassemblement de soutien aux militaires putschistes ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum au Niger. Avant les tirs de grenades lacrymogènes, quelques soldats s'étaient interposés devant l'ambassade pour calmer les manifestants. Certains ont insisté pour entrer dans le bâtiment, d'autres ont arraché la plaque affichant "Ambassade de France au Niger", avant de la piétiner sur le goudron et de la remplacer par des drapeaux russes et nigériens.
L'un des soldats, debout dans un pick-up, a salué la foule qui scandait "Russie, Russie, Russie ! ", "vive l'armée nigérienne !" et "Tiani, Tiani, Tiani !", le nom du président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, la junte), Abdourahamane Tiani. Les manifestations avaient pourtant été interdites par la junte. La France, allié du Niger pour la lutte antijihadiste et le développement, et qui y compte 1.500 soldats, a annoncé samedi suspendre ses aides. Quelques personnes se sont dirigées vers l'ambassade des États-Unis, dont le secrétaire d'État a assuré le président renversé du "soutien "indéfectible" de Washington.
Deux marches pro-putschistes à Niamey et à Dosso
La manifestation avait débuté par une marche en direction de l'Assemblée nationale, la foule brandissant des drapeaux russes et nigériens. Le mouvement civil M62, qui avait déjà protesté contre l'opération Barkhane de l'armée française au Sahel et au Sahara, a lancé l'appel à manifester. Deux marches pro-putschistes ont eu lieu à Niamey et à Dosso (à une centaine de kilomètres au sud-est la capitale) jeudi, la première ponctuée d'incidents, avant que la junte n'appelle "la population au calme" et interdise les manifestations.
Le président déchu Mohamed Bazoum, élu en 2021, entame sa cinquième journée séquestré dans sa résidence privée au palais présidentiel par sa garde rapprochée, dont le chef, le général Abdourahamane Tiani, est le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte. Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, miné par les attaques de groupes liés à l'État islamique et à Al-Qaïda, est le troisième pays de la région à subir un coup d'État depuis 2020.
Le ministère français des Affaires étrangères condamne
Le ministère français des Affaires étrangères a condamné dimanche "toute violence contre les emprises diplomatiques dont la sécurité relève de la responsabilité de l'État hôte", alors que des milliers de personnes ont manifesté devant l'ambassade de France à Niamey avant d'être dispersées par des grenades lacrymogènes.
"Les forces nigériennes ont l'obligation d'assurer la sécurité de nos emprises diplomatiques et consulaires au titre des Convention de Vienne", et "nous les appelons instamment à remplir cette obligation que leur impose le droit international", souligne le Quai d'Orsay, dont l'ambassade a été ciblée dimanche matin par des manifestants favorables aux militaires putschistes ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum.