L'attaque du groupe djihadiste nigérian Boko Haram contre la ville de Rann en début de semaine a fait au moins soixante morts, selon Amnesty International qui a réalisé une enquête de terrain dans la région.
Des combattants arrivés sur des motos. "L'attaque la plus sanglante de Boko Haram contre Rann - ville dans l'extrême nord-est du Nigeria - a fait au moins soixante morts", a révélé l'organisation de défense des droits de l'Homme. "Aux alentours de 9 heures du matin le 28 janvier, un groupe de combattants de Boko Haram est arrivé sur des motos et a incendié la ville", peut-on lire dans un rapport d'Amnesty. "Ils ont poursuivi les civils qui tentaient de s'enfuir (...). Onze corps ont été retrouvés dans l'enceinte de la ville et 49 autres à l'extérieur", est-il indiqué.
Des secteurs de la ville rasés par les flammes. Rann est une localité devenue inaccessible pour des raisons de sécurité, même pour le personnel humanitaire, d'où il est extrêmement difficile d'obtenir des informations. Sur plusieurs images satellites du centre CNES/Airbus ainsi que de l'institut européen de surveillance Copernicus, on peut distinguer que certaines parties de la ville, où s'étaient réfugiées des dizaines de milliers de personnes, ont été totalement rasées par les flammes.
Plus de 30.000 personnes ont fui au Cameroun. Au lendemain de l'attaque, en l'espace de 48 heures, "toute la population semble paniquée et a pris la fuite pour tenter d'échapper à la mort", avait déclaré le porte-parole du HCR, Babar Baloch, au cours d'un point de presse à Genève. Plus de 30.000 personnes sont arrivées au Cameroun, affirmant que le groupe djihadiste contrôlait désormais la ville et que les soldats nigérians et camerounais avaient également fui. Il s'agit de l'une des attaques les plus meurtrières contre les civils depuis des mois dans le nord-est du Nigeria, dans un contexte d'accélération des violences.