Au moins 45 personnes ont été tuées et 33 ont été blessées dans un double attentat suicide perpétré vendredi par deux femmes sur un marché du nord-est du Nigeria, pays dont le président avait annoncé cette semaine en avoir bientôt fini avec le groupe islamiste Boko Haram.
Un mode opératoire caractéristique. "Selon nos dernières informations nous avons 45 morts et 33 blessés dans le double attentat suicide à Madagali", a déclaré Sa'ad Bello, un responsable du service national des urgences de l'Etat d'Adamawa. "Les deux kamikazes se faisant passer pour des clientes ont déclenché leurs ceintures explosives", a déclaré le représentant de la municipalité de Madagali, Yusuf Muhammad. Ce double attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat mais le procédé utilisé est celui du groupe djihadiste nigérian Boko Haram, qui a souvent eu recours à des femmes et jeunes filles pour perpétrer des attaques contre la population.
Des femmes "bombes humaines". Dans un rapport publié début décembre, le centre d'analyses International Crisis Group avait alerté le gouvernement nigérian sur le rôle actif des femmes dans ce conflit. "Les femmes ne sont pas seulement victimes mais aussi actrices dans cette guerre", pouvait-on lire dans le rapport intitulé "Nigeria: les femmes et l'insurrection de Boko Haram". Après sept ans de guerre, "les hommes ont été tués de manière disproportionnée", souligne le rapport, et les femmes, kidnappées ou qui ont choisi de rejoindre le groupe djihadiste par conviction, sont régulièrement utilisées comme bombes humaines depuis près de deux ans par la faction du groupe dirigé par Abubakar Shekau.
Un coup dur pour le président. Le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a condamné le double attentat et s'est s'engagé à mettre "fin à ces pertes insensées de vies innocentes". "Cette dernière attaque est à l'évidence un acte de désespoir, mais les militaires nigérians ne seront ni détournés (de leurs objectifs) ni amadoués", a-t-il déclaré dans un communiqué. L'attentat est un nouveau coup dur pour le président Buhari, qui avait affirmé cette semaine que la situation était "sous contrôle".