Voisine de la Syrie, la Turquie veut chasser des secteurs frontaliers la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG). La Turquie continue de les qualifier de "terroriste" et veut créer en territoire syrien une "zone de sécurité" de 32 kilomètres de profondeur qui séparerait sa frontière des régions kurdes. L'offensive armée turque, qui a commencé mercredi dernier et suscite un tollé international en raison du rôle joué par les Kurdes dans le combat contre Daech, se déroule notamment à partir de la ville d'Akçakale, à la frontière turco-syrienne.
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La maison de Bedir, un Turc d'Akçakale, fait face à la frontière. Les barbelés sont à quelques mètres et de l'autre côté, les forces kurdes se défendent et tirent en direction de la ville. Il y a deux jours, ce père de famille s'est retrouvé avec un obus dans sa cuisine. "Tout était très calme il y a quelques jours et maintenant on entend des explosions", explique-t-il au micro d'Europe 1. "On était conscients que le silence qui régnait ici avant l'attaque annonçait le danger… Alors c'est vrai, j'ai perdu une partie de ma maison. Je peux vivre sans maison, mais pas sans mon drapeau et mon pays."
"Nos voisins ont été tués"
Dans les rues, la rhétorique du président Erdogan est diffusée dans les hauts parleurs. Les combattants kurdes sont considérés comme terroristes. Hamza ne rentre pas dans ce débat : il quitte la ville avec les onze membres de sa famille. "Les tirs sont juste à côté de nous", raconte-t-il. "Nos voisins ont été tués. Pour être honnêtes, nous ne savons pas où aller mais on part, vite" poursuit-il au micro d'Europe 1. "On prend juste ce dont on a besoin. On laisse une grande partie de nos affaires à la maison."
Samedi, la France annonçait qu'elle suspendait ses livraisons d'armes à la Turquie. Autour d'Hamza, les rues se vidaient, tandis qu'en face, le Kurdistan syrien replongeait dans les combats.