Le centre de Manhattan a été le théâtre de scènes de pillages lundi soir, poussant le maire de New York à annoncer un couvre-feu, plus long, dès mardi. Des magasins de marques, tels Nike ou Michael Kors sur la 5e Avenue, ou des magasins d'électronique, de téléphones portables ou de Lego d'autres grandes avenues de Midtown ont été pillés en début de soirée, avant l'entrée en vigueur d'un couvre-feu inédit à partir de 23 heures locales.
Des groupes de jeunes, souvent d'une dizaine de personnes, circulaient d'une rue à l'autre, tandis que des rues entières de ce quartier en temps normal très touristique mais déserté avec la pandémie, étaient bloquées par la police. Des images de la télévision locale NY1 ont notamment montré des pillards en train de sortir en courant d'un magasin d'électronique de la chaîne Best Buy avant d'être appréhendés par la police.
Le maire Bill de Blasio a jugé la situation "pas acceptable". Il a annoncé que le couvre-feu commencerait "plus tôt" mardi, dès 20 heures, alors qu'il a été imposé pour la première fois ce lundi, de 23 heures à 5 heures du matin. "La ville est totalement sous contrôle, et pour l'essentiel calme et paisible", a néanmoins assuré le maire sur la chaîne NY1. L'imposition d'un couvre-feu avait été annoncée quelques heures plus tôt par le maire et le gouverneur Andrew Cuomo, après des manifestations et des pillages pendant le weekend, notamment dans le quartier branché de SoHo.
Des manifestations dans une quarantaine de villes
La capitale économique américaine emboîtait ainsi le pas à une quarantaine d'autres villes américaines, qui ont imposé des couvre-feux pour tenter de calmer les émeutes qui ont embrasé le pays, après la mort d'un homme noir non armé, George Floyd, lundi dans le Minnesota, nouveau symbole des brutalités policières envers la minorité noire. Comme les jours précédents, les manifestations ont commencé calmement lundi après-midi, avec notamment plus d'un millier de personnes rassemblées à Times Square, et environ autant à Brooklyn. Mais les choses ont dégénéré en soirée.
Donald Trump évoque le déploiement de l'armée
Alors que New York faisait face à de nouveaux pillages, le président Donald Trump annonçait depuis Washington le déploiement de "milliers de soldats lourdement armés" et policiers à Washington pour mettre un terme "aux émeutes" et "aux pillages". Le maire De Blasio, un démocrate, a dénoncé "les termes belliqueux" et la "rhétorique polarisante" du président républicain, qui joue sa réélection en novembre. "Mais ce ne sont pas ses déclarations des dernières heures qui ont causé tout cela, c'est ce qu'il a fait ces dernières années qui y a contribué", a-t-il affirmé.
He's using the American military against the American people.
— Joe Biden (@JoeBiden) June 2, 2020
He tear-gassed peaceful protesters and fired rubber bullets.
For a photo.
For our children, for the very soul of our country, we must defeat him. But I mean it when I say this: we can only do it together. https://t.co/G1yE67q9Nz
De son coté, le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden a accusé Donald Trump d'utiliser l'armée "contre les Américains" et du gaz lacrymogène contre des "manifestants pacifiques" pour une opération de communication. "Il utilise l'armée américaine contre les Américains. Il envoie du gaz lacrymogène contre des manifestants pacifiques et tire des balles en caoutchouc. Pour une photo", a tweeté l'ancien vice-président américain après la visite surprise de Donald Trump dans une église emblématique proche de la Maison Blanche.