La Corée du Nord procède dimanche à de nouveaux exercices d'artillerie à munitions réelles sur sa côte ouest, près de la frontière maritime avec la Corée du Sud, a annoncé l'agence de presse sud-coréenne Yonhap.
Les autorités locales d'îles sud-coréennes isolées en mer Jaune, près de la côte nord-coréenne, ont dit à l'AFP avoir envoyé des messages sur les téléphones mobiles des habitants pour les prier de rester chez eux. "Des coups de canons nord-coréens sont actuellement entendus", disent ces messages.
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L'armée sud-coréenne a affirmé que le Nord avait effectué dimanche "des tirs d'artillerie avec plus de 90 obus au nord de l'île de Yeonpyeong de 16H00 à 17H10", soit de 04H00 à 05H10 GMT. "Nous émettons une sévère mise en garde contre les tirs répétés d'artillerie de la Corée du Nord dans la zone où les actes hostiles sont interdits qui menacent la paix sur la péninsule coréenne et aggravent les tensions", a déclaré l'armée sud-coréenne, exigeante "que cela cesse immédiatement".
Aucun obus nord-coréen n'est tombé au sud de la "Ligne de limite du nord" (NLL), frontière maritime de facto en mer Jaune, et aucune victime n'a été signalée, selon l'agence sud-coréenne Yonhap. Les autorités locales de Yeonpyeong ont dit à l'AFP avoir prévenu les habitants de rester chez eux par précaution. Vendredi et samedi, des tirs nord-coréens avaient déjà visé la même région, l'une des zones-tampons créées par un accord de 2018 devenue caduc en novembre après le lancement par Pyongyang d'un satellite espion.
Vendredi, les habitants de Yeonpyeong et de l'île voisine de Baengnyeong avaient déjà reçu l'ordre d'évacuer vers les abris en raison de tirs d'artillerie nord-coréens dans les eaux environnantes. Plus de 200 obus avaient été tirés, selon Séoul, dont l'armée a riposté par un exercice à munitions réelles quelques heures plus tard à Yeonpyeong.
Un "leurre"
Pyongyang a affirmé que ses tirs constituaient "une réponse naturelle et une contre-mesure" aux exercices menés par Séoul, Washington et Tokyo dans la région, selon l'agence officielle KCNA. Samedi, l'armée sud-coréenne a annoncé que le Nord avait tiré 60 obus près de Yongpyeong. La Corée du Nord a toutefois apporté une autre version.Selon Kim Yo Jong, la puissante sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, il s'agissait de charges explosives simulant le son d'un canon, que les forces nord-coréennes ont fait sauter pour tester la réaction sud-coréenne. "Notre armée n'a pas tiré un seul obus dans l'eau", a affirmé Kim Yo Jong dans un communiqué diffusé dimanche par KCNA.
"Les militaires voyous de la République de Corée ont mordu au leurre que nous avons lancé", s'est-elle réjouie. Avant d'ironiser: "à l'avenir, ils prendront même le grondement du tonnerre dans le ciel du Nord pour un tir d'artillerie". Séoul n'a pas réagi à cette affirmation dans l'immédiat.
"Phase de confrontation"
Cette escalade en mer Jaune est une des plus sérieuses depuis 2010, quand le Nord avait bombardé Yeonpyeong faisant quatre morts dont deux civils. Elle survit après une salve de déclarations belliqueuses du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un qui a menacé ces derniers jours d'"anéantir" la Corée du Sud et les Etats-Unis. L'île de Yeonpyeong, d'environ 2.000 habitants, est située à 115 km à l'ouest de Séoul et à une dizaine de kilomètres au sud de la côte nord-coréenne. Également très proche de la Corée du Nord, Baengnyeong, 4.900 habitants, se trouve à 210 km de Séoul.
Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre depuis la fin du conflit en 1953 qui s'est conclu sur un armistice et non un traité de paix. Depuis plus de 70 ans, la péninsule connaît une alternance de périodes d'aggravation des tensions et de relative détente. Leurs relations sont actuellement au plus bas depuis des décennies. La Corée du Nord "est entrée dans une phase de confrontation militaire", explique à l'AFP Cho Han-bum, chercheur à l'Institut coréen pour l'Unification nationale.
Elle "ne va pas s'engager dans des provocations explicites comme elle l'avait fait à Yeonpyeong mais va continuer à aggraver les tensions militaires" tout en rendant le Sud responsable. L'an dernier, la Corée du Nord a inscrit son statut de puissance nucléaire dans sa Constitution et a tiré plusieurs missiles balistiques intercontinentaux, en violation des résolutions de l'ONU. Fin décembre, Kim Jong Un avait ordonné l'accélération des préparatifs militaires en vue d'une « guerre » pouvant « démarrer à tout moment ».
Il avait également exclu toute réconciliation avec le Sud, soulignant la "situation de crise persistante et incontrôlable" déclenchée selon lui par Séoul et Washington avec leurs exercices militaires conjoints dans la région.