Mardi, la Russie, qui a essuyé de nombreux revers militaires récemment, a poursuivi ses tirs, de moindre ampleur, frappant notamment très loin du front les installations énergétiques de l'Ouest ukrainien. "Depuis ce matin, 28 missiles ennemis ont été lancés, dont 20 ont été abattus. Plus de 15 drones, principalement des drones d'attaque iraniens. Quasiment tous ont été abattus", a déclaré dans son allocution du soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a dit espérer "des progrès de nos partenaires sur la question des défenses antiaériennes et antimissiles".
Les informations à retenir :
- L'Ukraine annonce avoir repris cinq localités aux Russes dans le sud du pays
- Le FSB annonce avoir déjoué deux tentatives d'attentats imputées à Kiev
- De nouvelles frappes russes ont été menées en Ukraine ce mardi
- La sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia à nouveau au cœur des préoccupations
- Le président Emmanuel Macron a annoncé la livraison de systèmes de défense anti-aérienne à l'Ukraine lors d'une interview sur France 2
L'état-major ukrainien a signalé des frappes aériennes, de missiles de croisière et de lance-roquettes multiples russes sur plus d'une vingtaine de villes et villages dans tout le pays. En réunion virtuelle avec le G7 dans la journée, M. Zelensky lui avait demandé de l'aider à créer un "bouclier aérien" au-dessus de l'Ukraine, prévenant que "le dirigeant russe, qui est en fin de règne, a encore les moyens d'une escalade", selon la présidence ukrainienne.
Déplorant dans un communiqué "la stratégie russe d'escalade délibérée", le G7 a condamné "de la façon la plus véhémente possible" ces "attaques aveugles contre des populations civiles innocentes" qui sont "un crime de guerre", promettant de "demander des comptes au président Vladimir Poutine".
Le président Macron met en garde le dirigeant biélorusse Loukachenko
Le président bélarusse Alexandre Loukachenko aura des "problèmes" dans son pays s'il s'engage plus encore dans la guerre en Ukraine au côté de la Russie, a averti mercredi le président de la République lors d'un entretien sur France 2, largement consacré à la guerre en Ukraine et ses conséquences pour les Français. "Si le président Loukachenko décide de s'engager encore davantage dans cette guerre, il le fera contre l'avis d'une bonne partie de son peuple et il le fera en prenant une responsabilité qui ne sera pas, je pense, sans lui poser des problèmes", a-t-il déclaré
Emmanuel Macron va fournir à Kiev des système de défense anti-aérienne
La France va livrer des systèmes de défense anti-aériens à l'Ukraine, a annoncé le chef de l'État sur France 2. "On va livrer des radars, des systèmes et des missiles (anti aériens, NDLR) pour protéger (les Ukrainiens) des attaques, en particulier pour les protéger des attaques de drones", a-t-il dit. Kiev essuie depuis plusieurs jours des frappes massives de la part de la Russie.
Le président français a également répété que la France envisageait de livrer des canons Caesar supplémentaires à l'Ukraine. "On en a livré 18" depuis le début de la guerre, "on est en train de travailler à la livraison de six canons additionnels avec le Danemark", a-t-il déclaré, expliquant que ces six Caesar étaient initialement destinés à l'armée danoise. "On est en train d'essayer de les livrer tout de suite aux Ukrainiens", a-t-il dit.
Macron appelle Poutine à "revenir autour de la table des discussions"
Emmanuel Macron a exhorté mercredi soir le président russe Vladimir Poutine à "revenir autour de la table des discussions", dès le début de son entretien télévisé sur France 2.
"Aujourd'hui, d'abord, Vladimir Poutine doit cesser cette guerre, respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine et revenir autour de la table des discussions", a affirmé le président français, reprochant à son homologue d'avoir fait le "choix" d'"installer" l'Europe "dans la guerre" avec ses frappes de missiles des derniers jours et la mobilisation pour renforcer son armée.
Celui qui, malgré les critiques y compris ukrainiennes, n'a jamais rompu le dialogue avec le maître du Kremlin depuis l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février, a assuré qu'il continuerait de lui parler "à chaque fois que cela sera nécessaire". "A un moment donné, j'espère le plus tôt possible, il faudra que toutes les parties prenantes reviennent à une table de discussions", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que ce ne sera pas dans les "prochaines semaines".
L'Ukraine annonce la reprise aux Russes de cinq localités dans le sud du pays
La présidence ukrainienne a annoncé mercredi matin la reprise aux forces russes de cinq localités de la région méridionale de Kherson, où l'Ukraine mène une contre-offensive, faisant reculer les troupes russes dans une région que Moscou affirme avoir annexée. "Les forces armées de l'Ukraine ont libéré cinq localités de plus dans le district de Beryslav de la région de Kherson: Novovasylivka, Novogrygorivka, Nova Kamianka, Tryfonivka, Chervoné", a indiqué la présidence ukrainienne.
le FSB dit avoir déjoué deux tentatives d'attentats imputées à Kiev
Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé mercredi avoir déjoué une tentative d'attentat dans la région de Moscou et une autre dans celle de Briansk, non loin de l'Ukraine, accusant Kiev d'avoir préparé ces attaques. Dans deux communiqués distincts, cités par les agences de presses russes, le FSB affirme avoir arrêté un Ukrainien suspecté d'avoir préparé une attaque au lance-roquettes dans la région de Moscou, et un autre citoyen ukrainien accusé d'avoir voulu organiser une attaque à l'explosif contre un centre logisitique à Briansk.
D'autre part, les services de sécurité de Russie (FSB) ont indiqué mercredi avoir arrêté huit personnes suspectées d'avoir participé à l'organisation de l'attaque à l'explosif qui a touché samedi le pont reliant la Crimée au territoire russe. Dans un communiqué, le FSB affirme que cinq Russes et "trois citoyens ukrainiens et arméniens" ont été interpellés, sans plus de précisions sur la nationalité exacte de ces trois derniers suspects. "L'engin explosif a été dissimulé dans 22 palettes de rouleaux de film plastique d'un poids total de 22.770 kilos", a indiqué le FSB.
Selon cette source, les explosifs ont été envoyés début août par bateau du port d'Odessa, en Ukraine, vers celui de Roussé en Bulgarie. Ils ont ensuite transités par le port de Poti, en Géorgie, puis ont été expédiés vers l'Arménie avant d'arriver par voie routière en Russie, toujours selon le FSB.
Avertissement au Bélarus
Le G7 a également prévenu le Bélarus que la création d'une force militaire commune entre Moscou et Minsk constitue "l'exemple le plus récent de (sa) complicité" avec la Russie dans la guerre contre l'Ukraine. Mardi, Minsk a assuré que la force commune était "purement défensive". Seul allié de Moscou dans cette guerre, sans avoir envoyé ses troupes en Ukraine, le président bélarusse Alexandre Loukachenko a justifié l'initiative en accusant Kiev de préparer une attaque contre son pays.
En Ukraine, la ville de Zaporijjia (sud), pilonnée par les Russes ces dernières semaines, a essuyé mardi, selon les autorités ukrainiennes, une salve de 12 missiles S-300 sur des infrastructures "civiles", faisant un mort. De nouvelles frappes russes ont touché la région de Zaporijjia en soirée, où "les terroristes russes (...) ont bombardé Orikhiv et Stepnoguirsk", faisant sept morts et sept blessés, selon la présidence ukrainienne.
Des bombardements ont aussi causé de "sévères destructions" sur des installations énergétiques dans la région de Dnipro (centre), privant de courant "de nombreux villages", selon le gouverneur régional. Kiev a été épargnée. Mais l'opérateur électrique desservant la capitale, DTEK, a annoncé que, faute de puissance, "dès mardi" des coupures de courant régulières allaient affecter différents quartiers, au moment où l'hiver approche et que les Ukrainiens craignent des pénuries d'eau, de chauffage et d'électricité.
Moscou : objectif "atteint"
A Moscou, le ministère de la Défense s'est félicité que ces "frappes massives" contre des "cibles de commandement militaire et du système énergétique de l'Ukraine" aient "atteint leur objectif". Les bombardements ont été d'une ampleur moindre que lundi, lorsque des dizaines de missiles, roquettes et drones s'étaient abattus sur des infrastructures militaires, énergétiques et de communication ukrainiennes, mais également des sites civils.
Des représailles à l'attaque, "terroriste" selon Vladimir Poutine, qui a endommagé samedi le pont reliant la Russie à la Crimée (sud), péninsule annexée par Moscou en 2014. Symbolique et stratégique, ce viaduc routier et ferroviaire sert à l'approvisionnement russe dans le Sud ukrainien où Kiev mène une contre-offensive. L'attaque contre le pont est intervenue après une série de revers militaires russes dans le nord-est, l'est et le sud de l'Ukraine.
Le président américain Joe Biden a estimé mardi que son homologue russe avait "fait une complète erreur de calcul" sur la résistance ukrainienne, pensant "être accueilli à bras ouverts". "Je pense que c'est une personne rationnelle qui a clairement mal évalué" la situation, a déclaré Joe Biden à la chaîne CNN.
Près de 78 civils exhumés dans l'Est de l'Ukraine
Dans l'est de l'Ukraine, dans la région de Donetsk, les autorités ont annoncé mardi avoir exhumé les corps de 78 civils dans deux villes récemment reconquises par les forces ukrainiennes. Selon le bureau du procureur général d'Ukraine, certains corps présentaient des marques de "mort violente", deux étant calcinés, à Sviatorguirsk. A Lyman, 110 tombes ont été dénombrées, desquelles 44 corps ont été exhumés dans l'immédiat, dont ceux "d'un enfant d'un an et de toute sa famille".
L'Ukraine a accusé les forces russes de nombreuses exactions, découvrant à l'occasion de retraites russes les tombes de civils tués ou de victimes de torture ou d'exécution sommaire. Moscou dément systématiquement. En Russie, Viatcheslav Gladkov, le gouverneur de la région de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a accusé mardi Kiev d'avoir bombardé une installation électrique à Chebekino, à sept kilomètres de la frontière, privant de courant "plus de 2.000 habitants" sans faire de victime.