Une entrée sous une immense faucille croisée d'un marteau devant 3.000 députés. Pour marquer le début officiel de son troisième mandat, qui coïncide avec la tenue de la session parlementaire annuelle, Xi Jinping a respecté l'immuable cérémonial qui n'a pas changé depuis Mao Zedong. Reste que cette année marque un changement important : il s'agit du plus grand remaniement ministériel depuis 10 ans. Ainsi, le Premier ministre Li Keqiang, laisse sa place à Li Qiang, ex-chef du PCC à Shanghai, et fidèle lieutenant de Xi Jinping.
Une croissance "d'environ 5%"
Ce dernier a d'ailleurs annoncé la feuille de route 2023 pour la République populaire de Chine, avec un objectif de croissance à "environ 5%", au moment où la deuxième économie mondiale voit l'activité reprendre après avoir abandonné en décembre l'essentiel des mesures anti-Covid qui ont durement touché les commerces et les usines. L'an dernier, son produit intérieur brut (PIB) avait progressé de seulement 3%, bien en deçà de l'objectif officiel "d'environ 5,5%". L'économie a montré des signes d'amélioration ces derniers mois, avec une activité manufacturière qui a fortement repris en février. Une croissance "d'environ 5%" est toutefois pour la Chine l'un de ses objectifs les plus modestes depuis des décennies.
Pékin se fixe par ailleurs comme objectif de créer cette année quelque 12 millions d'emplois en zone urbaine, un chiffre en baisse par rapport à 2022 (11 millions). Ce critère ne renseigne toutefois pas sur le nombre d'emplois détruits à cause de la crise sanitaire. La Chine s'attend à une stabilisation du taux de chômage cette année, à 5,5%. Le record absolu - 6,2% - avait été atteint en février 2020, au plus fort de l'épidémie. Là aussi, ce chiffre dresse un tableau incomplet de la conjoncture : en Chine, le chômage est calculé pour les seuls urbains. Du côté de l'inflation, la Chine souhaite la contenir à 3%.
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Un budget Défense en hausse de 7,2%
Si les objectifs économiques sont modestes, il n'en n'est rien en ce qui concerne la Défense. Dans un contexte de tension mondiale ravivée par l'invasion russe en Ukraine, ainsi que sa rivalité traditionnelle avec ses riverains, les États-Unis et Taïwan, Pékin a annoncé une hausse de 7,2% de son budget de la Défense. Ce pourcentage est en légère hausse par rapport à l'an dernier (7,1%), est la plus forte augmentation depuis 2019. Avec cette enveloppe de 1.553,7 milliards de yuans, soit 225 milliards de dollars, la Chine dispose du deuxième budget de défense mondial, après les États-Unis.