Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Piantedosi a dénoncé jeudi comme "totalement incompréhensible" la décision française de mesures de rétorsion envers Rome qui avait refusé de faire accoster un navire chargé de migrants, contraignant la France à l'accueillir. "La réaction de la France face à la requête d'accueillir 234 migrants, quand l'Italie en a accueilli 90.000 seulement cette année, est totalement incompréhensible", a réagi le ministre dans un communiqué.
Un tiers des passagers relocalisés en France
Le navire Ocean Viking avec 230 migrants à bord sera accueilli vendredi par la France au port de Toulon, dans le sud du pays, confirmant une information Europe 1, et "un tiers" des passagers migrants seront "relocalisés" en France, a annoncé Paris qui a critiqué le "choix incompréhensible" de l'Italie de ne pas accepter le navire humanitaire. "C'est à titre exceptionnel que nous accueillons ce bateau, au vu des quinze jours d'attente en mer que les autorités italiennes ont fait subir aux passagers", a déclaré jeudi le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
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En guise de protestation, la France a décidé de suspendre "à effet immédiat" l'accueil prévu cet été de 3.500 réfugiés actuellement en Italie. La France "tirera aussi les conséquences" de l'attitude italienne sur les autres aspects de sa "relation bilatérale", a encore dit le ministre français. "Ce que nous ne comprenons pas est la raison pour laquelle l'Italie devrait accepter de bon gré ce que les autres ne sont pas disposés à accepter", a rétorqué Matteo Piantedosi dans son communiqué.
L'Italie, "unique arrivée européenne possible pour les immigrés"
"Cette année, presque 90.000 personnes ont débarqué en Italie. 13 pays européens se sont engagés à reprendre au total 8.000 personnes, moins d'un dixième. Jusqu'à présent, un total de 117 personnes ont été prises en charge (0,13% des arrivées), dont 38 par la France (0,04%), a précisé le ministre italien.
Il a dénoncé la volonté "d'imposer le principe que l'Italie soit l'unique arrivée européenne possible pour les immigrés illégaux" et le fait qu'en dépit des affirmations de solidarité européenne, la péninsule "a affronté jusqu'à présent seule ce problème". "Les pays d'arrivée ne peuvent pas porter seuls la responsabilité exclusive de gestion des flux" de migrants, a conclu Matteo Piantedosi.