La police est intervenue mercredi pour tenter de déloger des activistes de Greenpeace, suspendus sous un pont, qui bloquent depuis près de deux jours une partie du trafic maritime du port de Vancouver, pour protester contre la construction d'un oléoduc vers la côte pacifique canadienne. Des agents de la Gendarmerie Royale (GRC, police fédérale) ont été dépêchés en milieu de journée sur et sous le pont Ironworkers Memorial qui enjambe sur plus d'un kilomètre la majestueuse baie de la métropole de Colombie-Britannique.
Au moins trois pétroliers ont reporté leur passage. Ils tentaient en fin de journée de faire remonter les 12 militants écologistes qui campent dans le vide depuis plus de 36 heures. Ces derniers avaient déroulé autant de câbles mardi matin sous la structure d'acier pour s'y installer et déployer de longs oriflammes, bloquant ainsi le passage de cargos. Au moins trois pétroliers ont reporté leur passage sous ce pont et n'ont pu quitter ou se rendre à des terminaux d'hydrocarbures plus loin dans la baie, selon un décompte du journal Vancouver Sun à partir du relevé de trafic de l'autorité portuaire locale.
"Non à l'expansion dévastatrice des sables bitumineux". Greenpeace dénonce le projet de triplement de capacité de l'oléoduc Trans Mountain du groupe américain Kinder Morgan, qui s'étire à travers les montagnes Rocheuses, des gisements de sables bitumineux d'Alberta jusqu'au port de Vancouver. L'organisation écologiste, qui diffuse en direct sur Facebook le face-à-face entre les activistes suspendus et la police, a expliqué vouloir ainsi "dire non à l'extension de l'oléoduc Trans Mountain, non à la multiplication par sept dans ces eaux du nombre de pétroliers chargés de sables bitumineux, et non à l'expansion dévastatrice des sables bitumineux".
"Réduire l'incertitude planant sur le projet". Le projet d'agrandissement de l'oléoduc fait également face à l'opposition du gouvernement provincial de la Colombie-Britannique, des communautés autochtones et de la société civile en raison de potentiels risques environnementaux. Face au refus des autorités locales de permettre la réalisation de ce pipeline "d'intérêt stratégique vital" pour le Canada, le Premier ministre Justin Trudeau a annoncé mi-avril avoir entamé des "discussions financières" avec Kinder Morgan afin de "réduire l'incertitude planant sur le projet".
Troisième réserve de pétrole de la planète. Le projet de 7,4 milliards de dollars canadiens (4,8 milliards d'euros) de Kinder Morgan est actuellement le seul pouvant à court terme permettre à l'industrie pétrolière de l'Alberta, troisième réserve d'or noir de planète, d'écouler sa production en augmentation croissante alors que le réseau canadien d'oléoducs est saturé.