Cinq jours après la fin des opérations d'évacuations en Afghanistan menées par l'armée française, c'est l'heure de dresser un premier bilan. "Un succès" pour le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean, qui a tenu mardi un point-presse. La France doit encore mettre à l'abri "quelques dizaines" d'Afghans qui ont travaillé pour l'armée française entre 2001 et 2014 et qui n'ont pas encore pu être exfiltrés, a-t-il également précisé. Ces dernières années, 250 PRL (Personnels civils de recrutement local) ont pu être rapatriés, selon l'armée.
"Du sang sur les mains" ?
"Le maximum a été fait. Nous en avons sorti plus d'une trentaine avec leurs familles, soit 110. Il reste quelques dizaines d'auxiliaires de défense qui ont travaillé pour l'armée française qui demandent la protection de la France. Le maximum sera fait pour leur permettre de bénéficier de la protection de la France dans les jours et dans les semaines qui viennent", a précisé Hervé Grandjean.
Un chiffre contesté par la sénatrice Nathalie Goulet, qui demande la création d'une commission d'enquête sur le sujet. Elle affirme pour sa part que 170 auxiliaires demandaient en vain d'être accueillis par la France avant même la chute du Kaboul. "Ce ne sont pas des réfugiés comme les autres. Ce sont des gens qui ont fait confiance à la France qu'on pourrait très bien assimiler aux harkis d'Afghanistan. Il faut absolument les rapatrier parce qu'ils sont en danger de mort. On va avoir du sang sur les mains", explique-t-elle.
Au total, les armées ont employé 1.057 PCRL (traducteurs, chauffeurs, magasiniers..), dont 500 ont demandé ensuite une protection et environ 250 ont été accueillis par la France, selon les chiffres communiqués par le ministère des Armées. "Entre 2012 et 2019, plus de 220 anciens employés afghans de l'armée française ont été rapatriés en France avec leurs familles, ce qui fait 800 personnes", a précisé Hervé Grandjean. S'y ajoutent la trentaine ramenée depuis la mi-août.
"Tout le monde s'y est mis"
Au cours de l'opération Apagan, la France a évacué au total une centaine d'expatriés français et 2.600 Afghans. Des évacuations suivies par le contre-amiral Jacques Fayard qui en raconte les coulisses. "Le hangar de l'escadron a été vidé : on en a fait une nurserie, un hôpital, un dortoir et une annexe du consulat. Le tarmac a été un pont de porte-avion, puisque les sept chasseurs Rafales, armés et en capacité de mener leurs missions : deux A400M, deux C-130, un MRTT. Dès qu'un avion arrivait ou repartait, c'était un jeu de Tétris, tout en ayant à gérer les 700 réfugiés. Avec trois toilettes, pour 700 personnes", explique-t-il.
"J'ai vu un chef d'escadron distribuer des cartons d'embarquement à des familles afghanes. J'ai vu le chancelier de mon état-major, adjudant chef, distribuer des couches culottes", énumère-t-il. "Tout le monde s'y est mis et on a tenu. Je ne vous cache pas que les derniers jours, ils étaient tous avec des petits yeux effarés et fatigués, mais ils étaient fiers de ce qu'ils avaient réalisé."