L'Ukraine rejoindra-t-elle l'Union européenne ? Ce vendredi, Kiev accueille une délégation de commissaires européens, dont la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du conseil européen Charles Michel lors d'un sommet entre le pays en guerre et l'UE. Parmi les sujets évoqués, "la réponse de l'UE à la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine", "les initiatives de l'Ukraine en faveur d'une paix juste et visant à ce que les responsables répondent de leurs actes", mais aussi "la trajectoire européenne de l'Ukraine et le processus d'adhésion", détaille un document préparatoire publié sur le site du conseil européen.
Kiev espère adhérer d'ici à 2024
C'est ce dernier point qui intéresse particulièrement Volodymyr Zelensky, presque un an après le début de l'invasion russe. Il y a quelques jours, le président ukrainien a d'ailleurs déclaré que "l'Ukraine mérite de commencer cette année les négociations concernant son adhésion à l'UE". Le chef d'État espère ainsi accélérer le processus d'adhésion. Après une demande à la suite de l'invasion russe, le 24 février 2022, la Commission européenne a validé le dossier de candidature de l'Ukraine au mois de juin, en même temps que celui de la Moldavie. Un délai particulièrement rapide, notamment en raison de l'urgence de l'invasion russe.
Depuis, le dossier ukrainien semble stagner, car adhérer à l'Union européenne est un processus qui prend plusieurs années. Par exemple, la Hongrie et la Pologne ont demandé leur adhésion à l'UE en 1994 et l'ont vu aboutir dix ans après, en 2004. En tout, huit pays sont actuellement candidats et si Kiev indique espérer adhérer à l'UE en 2024, il y a peu de chance pour que ce délai soit tenu.
Invité d'Europe 1 en juin dernier, quelques jours après l'annonce officielle de la candidature de l'Ukraine, l'ancien ministre délégué chargé de l'Europe, Clément Beaune (actuellement ministre délégué chargé des Transports), avait souligné qu'il n'y "aura pas de procédure accélérée ni de passe-droit". Avant que le pays ne puisse intégrer l'UE, "il faudra bien sûr finir la guerre, reconstruire le pays, se mettre à niveau sur l'exigence démocratique et économique. Cela prendra du temps, mais nous donnons ce signal d'ouverture", avait-il ajouté au micro de Sonia Mabrouk.
Vers une adhésion graduelle ?
Du temps, et peut-être même des années, comme l'a expliqué Patrick Martin-Genier, professeur à Sciences Po et spécialiste de l’Europe à Public Sénat. "Manifestement, l’Ukraine est encore loin de satisfaire les critères d’adhésion. Une intégration avant dix ans paraît impossible", a-t-il estimé. Des critères établis par le Conseil européen de Copenhague, en 1993. Parmi eux, la nécessité que le pays soit un "État de droit, basé sur un système démocratique stable qui protège les minorités", qu'il repose sur une "économie de marché viable avec la capacité de faire face à la concurrence de l'intérieur de l'union" ou encore qu'il souscrive aux "objectifs de l’union politique, économique et monétaire", détaille le site gouvernemental Vie publique.
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Des exigences auxquelles ne répond pas forcément l'Ukraine. En attendant, une autre possibilité semble s'ouvrir pour le pays, celle d'une adhésion graduelle, qui permettrait à l'Ukraine de bénéficier de certains programmes ou financements européens. Une formule pour laquelle opterait notamment le président du conseil européen Charles Michel, qui a rappelé, lors du sommet à Kiev, que "l'Ukraine c'est l'UE, l'UE, c'est l'Ukraine".
Si l'Ukraine ne devrait donc pas rejoindre les 27 avant un moment, l'Union européenne devrait annoncer de nouvelles aides, notamment financières et militaires, à l'issue de ce sommet.