Comment sauver le tourisme en Europe ? L'Union européenne a déjà encouragé les 27 pays membres à rouvrir leurs frontières intérieures pour la période estivale. Le secteur est clé pour l'économie : il représente 10% du PIB de l'Union et 12% des emplois. De nombreuses compagnies aériennes et voyagistes sont en danger de faillite, particulièrement en Europe du Sud (Italie, Espagne, Portugal), des pays dépendants du tourisme et très endeuillés par le coronavirus. Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, réagit jeudi sur Europe 1.
Une saison touristique, mais différente
"Oui, il y aura une saison touristique cet été, affirme d'emblée Thierry Breton. Elle va évidemment être différente". Pour le commissaire européen, l'enjeu de la sauvegarde du secteur touristique est économique, mais aussi philosophique. "Parce que le tourisme, c'est la vie. C'est sortir, aller voyager, découvrir de nouveaux espaces. C'est la culture, (...) la liberté d'aller à la rencontre de l'autre, de notre histoire. C'est ce qui aujourd'hui est important, et ce à quoi beaucoup d'entre nous aspirons".
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Le tourisme pèse lourd dans les finances du Vieux continent. "En Europe, c'est trois millions d'entreprises, dont 90% sont des petites entreprises : des hôtels, des bars, des restaurants, des lieux de convivialité, des lieux culturels", détaille le commissaire européen, qui reste malgré tout confiant. Il prend l'exemple de l'hébergement touristique en Europe. Sur la totalité des nuitées dans des hôtels ou des campings réalisées, 60% sont domestiques, 27% sont intra-communautaire, et "seulement" 13% sont extra-communautaire. "La saison ne va pas être perdue car nous avons cette envie, nous avons cette appétence."
Un plan Marshall européen
La santé des citoyens reste une compétence propre à chaque Etat membre, mais la Commission européenne peut apporter des conseils et "une vision globale", notamment sur le tourisme. "Ce sont les autorités de santé qui décident, en collaboration avec les acteurs du monde du tourisme des mesures barrières à mettre en place pour assurer la sécurité des touristes", précise Thierry Breton. "Les professionnels se préparent, (...) il y a beaucoup de très bonnes idées, d'initiatives qui sont mises en places."
Pour aider ces initiatives à se développer, il faut aider à leur financement. Thierry Breton avait déjà appelé à un plan Marshall européen massif pour le tourisme. Il affirme qu'il est en train d'être finalisé au niveau de la Commission européenne et qu'il sera bientôt discuté avec les Etats membres. "L'unité ce n'est pas le milliard, mais le milliard de milliard", précise le commissaire européen. "Ce ne sont pas des petits montants, car c'est à la hauteur de ce qu'il faut faire très vite."
Les frontières, enjeu du déconfinement
Le déconfinement en Europe s'opère en ordre dispersé. Les frontières entre l'Allemagne et l'Autriche, par exemple, devraient rouvrir le 15 juin. Une décision prise car les deux pays ont "une situation épidémiologique comparable". En revanche, l'Autriche n'évoque pas d'ouverture avec l'Italie, son voisin lourdement endeuillé par le coronavirus. "Nous sommes un continent, il faut réagir au rythme d'un continent", résume Thierry Breton, qui appelle à une réouverture progressive de toutes les frontières.
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En France, la règle des 100 kilomètres prévaut pour les déplacements, limitant les déplacements à l'étranger de fait. "La règle des 100 kilomètres, on va voir comment cela évolue d'ici au 15 juin", réagit Thierry Breton. "Il n'est pas impossible que cette règle des 100 kilomètres, au bout de quelques semaines, elle passe à 200 ou à 300 kilomètres".