La France et les pays du G5 Sahel (Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso, Mali), réunis lundi en sommet à Pau, ont annoncé vouloir renforcer leur coopération militaire contre les attaques jihadistes au Sahel, dans une déclaration commune. Les présidents du G5 Sahel, réunis à l'initiative d'Emmanuel Macron, ont par ailleurs "exprimé le souhait de la poursuite de l'engagement militaire de la France au Sahel", une réponse à la montée d'un sentiment antifrançais, qui était réclamée par Paris. Le chef de l'Etat français a également annoncé l'envoi de 220 soldats supplémentaires pour renforcer la force Barkhane.
L'effort concentré dans "la zone des trois frontières"
Le président français et ses homologues africains ont par ailleurs convenu de mettre en place pour coordonner leur action dans "un nouveau cadre un nouveau cadre politique, stratégique et opérationnel" baptisé "Coalition pour le Sahel", rassemblant le G5 Sahel, la force Barkhane et les pays partenaires. Ils ont en particulier décidé de "concentrer immédiatement leurs efforts militaires dans la zone des trois frontières" (Mali, Burkina, Niger) "sous le commandement conjoint de la Force Barkhane et de la Force conjointe du G5 Sahel", où se sont concentrées les attaques ces derniers mois, en ciblant en priorité le groupe Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS).
Le futur groupement de forces spéciales européennes, baptisé Takuba s’intégrera dans ce commandement conjoint. Un nouveau sommet associant les Etats du G5 Sahel et la France se tiendra en juin 2020 à Nouakchott, conclut la déclaration.
Ce sommet avait été organisé de manière abrupte par le chef de l'Etat, certains ont même parlé d’une convocation. La date et le lieu ont été fixés par Emmanuel Macron qui a invité ses homologues à faire le déplacement, avec insistance. Objectif de cette réunion : renforcer leur coopération militaire et mobiliser de nouveaux alliés, à l'heure où les Etats-Unis entendent réduire leur présence dans la zone. Avant le début du sommet, les chefs d’Etat ont rendu hommage aux militaires français décédés au Mali en novembre dernier. Sept d'entre eux appartenaient au 5eme régiment d'hélicoptères de combat de Pau.
Des positions anti-françaises que la France entend clarifier
Le sommet portait sur la menace djihadiste mais c’est aussi l’occasion pour Paris d’une mise au point. La France n’apprécie pas du tout les prises de positions anti-françaises d’une partie de l’opinion publique et de responsables politiques notamment du Mali et du Burkina-Faso. L’Hexagone est parfois accusée de néocolonialisme voire de complicité avec les djihadistes.
Le G5 Sahel aurait du se tenir mi-décembre mais la mort de 71 soldats nigériens avait conduit au report de la rencontre. Depuis, le climat entre les pays s’est un peu apaisé mais la France espère toujours des clarifications. Lundi soir, Emmanuel Macron a dénoncé des "puissances étrangères" alimentant le discours antifrançais au Sahel.
Reconnaissance envers les États-Unis
Alors que les Etats-Unis envisagent un désengagement de leurs troupes au Sahel, les pays du G5 Sahel ont aussi "exprimé leur reconnaissance à l'égard de l'appui crucial apporté par les Etats-Unis et ont exprimé le souhait de sa continuité". Les ressources que le Pentagone consacre à l'Afrique ou au Moyen-Orient "pourraient être réduites et ensuite redirigées, soit pour améliorer la préparation de nos forces aux Etats-Unis soit vers le Pacifique", a déclaré le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, à son arrivée à Bruxelles pour une réunion du Comité militaire de l'Otan mardi et mercredi.
L'armée américaine déploie par rotations en Afrique quelque 7.000 soldats des forces spéciales qui mènent des opérations conjointes avec les armées nationales contre les djihadistes, notamment en Somalie.