La ville de Palmyre a basculé entièrement jeudi dans l'escarcelle du groupe Etat islamique (EI). Réputée pour ses colonnades torsadées romaines, ses temples, ses tours funéraires vestiges d'un brillant passé, la cité antique est inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité.
Située à 210 km au nord-est de Damas, en Syrie, la "perle du désert" est une oasis dont le nom apparaît pour la première fois sur une tablette au 19e siècle avant notre ère. Elle fut un point de passage des caravanes entre le Golfe et la Méditerranée et une étape dans la route de la soie. Mais c'est avec la conquête romaine à partir du 1er siècle avant Jésus-Christ et durant quatre siècles, que Palmyre (Cité des palmiers) connaît un essor remarquable.
Bel et l'Agora construits au 2e siècle. Elle devient une place luxueuse et luxuriante en plein désert grâce au commerce d'épices et de parfums, de la soie et de l'ivoire de l'est, des statues et du travail du verre de Phénicie. En 129, l'empereur romain Hadrien en fait une cité libre et elle prend le nom d'Adriana Palmyra. C'est à cette époque que les principaux temples, comme celui de Bel, ou l'Agora ont été construits.
La trinité Bel, Yarhibol et Aglibol. La trinité composée du dieu babylonien Bel, équivalent de Zeus, de Yarhibol (le soleil) et Aglibol (la lune) y était vénérée avant l'arrivée du christianisme au 2e après JC. Au 3e siècle, profitant des difficultés de l'empire romain, la ville s'érige en royaume. Elle défie les Perses et la belle Zénobie devint reine. En 270, Zénobie conquiert toute la Syrie, une partie de l'Égypte, et arrive même en Asie mineure. Mais l'empereur romain Aurélien reprend la ville, la reine Zénobie est conduite à Rome et la ville connaît son déclin.
La ville aux 1.000 colonnes. Avant le début du conflit en Syrie en 2011, plus de 150.000 touristes visitaient la ville aux 1.000 colonnes, aux statues, et à la formidable nécropole de 500 tombes où les riches Palmyréniens avaient construit une série de monuments funéraires somptueusement décorés. Le plus beau site de Syrie porte des stigmates des combats qui opposèrent entre février et septembre 2013 les rebelles à l'armée qui prit le dessus.
La chute de cette ville vieille de plus de 2.000 ans, fait craindre pour le sort de ses célèbres ruines, l'EI ayant déjà détruit des trésors archéologiques en Irak. La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, s'est dite mercredi sur Europe 1 "vivement préoccupée" par la situation dans la cité antique et appelé à la cessation "immédiate" des hostilités.
François Hollande n'a pas non plus manqué d'exprimer toute son inquiétude pour l'avenir de ces vestiges archéologiques : "C'est une grande émotion quand un site qui contient les richesses de l'humanité comme celui-ci est conquis par un groupe terroriste. Il y a un péril pour des monuments inscrits au patrimoine mondial de l'Humanité, mais il ne faut pas non plus oublier de trouver un moyen de lutter contre Daech pour trouver une solution politique à ce conflit. C'est ce que la France fait depuis longtemps maintenant."